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Drones, avions et un étrange «chasseur»: ce que se passe en mer Égée

(Rome, 13 septembre 2021). Des mouvements étranges en mer Égée et en Méditerranée centrale et orientale. Des avions de patrouille maritime, des anti-sous-marins et des drones, notamment turcs et grecs, tracent des itinéraires particuliers, rapportés par les plus importants sites spécialisés. Ils semblent chercher quelque chose. Une «chasse» qui, selon certains experts cherche une cible : la Russie, qui a récemment augmenté sa force sous-marine en Méditerranée. Mais il y a aussi ceux qui pensent que le jeu gréco-turc se déroule principalement entre adversaires Égéens, et donc un match beaucoup plus complexe se joue entre Ankara et Athènes.

Comme le décrit Lorenzo Vita dans son analyse sur la page du quotidien «Il Giornale/Inside Over», la vérité est probablement quelque part entre les deux. Ces derniers jours, des nouvelles assez certaines sont arrivées de Russie sur la décision de Moscou d’augmenter la présence de ses sous-marins dans les profondeurs de la Méditerranée. L’agence russe «Tass» a évoqué la rumeur de l’arrivée de deux unités supplémentaires en « Mare Nostrum », portant le nombre total à cinq. Les sous-marins récemment arrivés ne devraient être qu’en transit entre la Flotte de la Baltique et celle du Pacifique : un passage qui semble pourtant avoir suscité l’attention de l’OTAN, au point de faire décoller des avions de reconnaissance turcs et grecs. C’est ainsi que l’Alliance Atlantique a commencé sa recherche et sa surveillance (désormais habituelle) des sous-marins russes : une «chasse» qui avait notamment pour scénario les eaux au sud de l’île de Crète. La preuve de cette intersection entre les vols turcs et la présence de sous-marins russes est fournie par la route d’un remorqueur russe se dirigeant vers Tartous et qui semble suivre exactement la route empruntée par les sous-marins passant par Gibraltar et se dirigeant vers la Syrie. Cette route est surveillée avec des mouvements circulaires de patrouilleurs de l’OTAN. Le bateau russe, au moment de la rédaction de cet article, se trouvait à quelques milles de la côte sud de Chypre.

Outre la chasse aux sous-marins russes, devenue désormais une épreuve assez courante pour les marines méditerranéennes appartenant à l’OTAN, s’ajoute la rivalité entre la Grèce et la Turquie. Une rivalité latente, qui ces dernières semaines, après des mois d’accalmie, semble s’être ravivée. Le problème est toujours le même : la recherche de gaz, l’exploitation des champs et la question séculaire du mémorandum turco-libyen pour la définition de la zone économique exclusive. Des sources qualifiées confirment à «Inside Over» que le renseignement hellénique, avec sa diplomatie, tente de limiter les actions turques dans la zone orientale et centrale de la Méditerranée, notamment en Libye.

Ces derniers jours, de nombreux signes sont venus de Turquie qui considère la Méditerranée et la question chypriote comme une priorité dans l’agenda pour son gouvernement. Le ministre de la Défense Hulusi Akar et le président Recep Tayyp Erdogan ont réaffirmé la volonté d’Ankara de défendre à tout prix les droits de la République turque de Chypre du Nord. Et les deux responsables turcs de confirmer que leur pays n’acceptera jamais qu’il y ait des actions en Méditerranée orientale n’impliquant pas Ankara. Des responsables grecs, dans le journal Kathimerini, ont démenti les accusations portées par le gouvernement turc, parlant de « rhétorique ». En tout cas, la tension semble monter à un point tel que diverses voies diplomatiques commencent également à intervenir.

L’enjeu ; les relations avec l’Egypte, ajoute Lorenzo Vita, avec laquelle la Turquie souhaite renouer le dialogue mais qui, pour le moment, Le Caire est plus solidement aligné sur le bloc composé de la Grèce, de Chypre et des Emirats Arabes Unis. Il y a le problème libyen, qui reste la principale sonnette d’alarme d’Athènes sur les manœuvres turques en Méditerranée. La ministre libyenne des Affaires étrangères Najla Al-Manqoush a récemment rencontré son homologue grec Nikos Dendias à Athènes, et le gouvernement grec a mis sur la table la fin du protocole d’accord turco-libyen sur la ZEE. Tripoli a confirmé à plusieurs reprises, même avec le nouvel exécutif, qu’il ne voulait pas revenir sur ce qui avait été convenu avec Ankara, et ce n’est pas un hasard si, ces derniers jours, le président du Haut Conseil d’État de Libye, Khaled al Mishri, a rencontré Akar à Ankara alors que certaines informations (démenties toutefois par la Turquie) parlaient de Saadi Kadhafi se dirigeant vers le pays anatolien après sa sortie de prison en Libye.

Des nœuds qui deviennent également visibles avec les « tests » en cours entre les forces aériennes et les marines de la Grèce et de la Turquie. Des drones turcs ont décollé de leurs bases et, comme l’expliquent les sites de pistage, sont apparus en vol entre Antalya et Izmir, tandis qu’un Bayraktar est apparu au nord à la frontière avec la Grèce. Un drone grec, rapporte ItalMil Radar, a quitté Skyros pour voler entre Kos et Samos. La semaine dernière, un P-72 turc a effectué plusieurs vols de reconnaissance au-dessus de la mer Égée. Des mouvements qui, selon les sources entendues par Inside Over, pourraient être liés aux rivalités de ces dernières semaines, également confirmées par le nouveau Navtex récemment lancé par la Grèce et la Turquie.

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