Liban: des élus européens proches de l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah bientôt à Beyrouth. «Le ver est dans le fruit»

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(Roma, Strasbourg, 31 août 2021) Selon des sources bien informées au Parlement européen, une délégation de parlementaires européens socio-démocrates se rendra au Liban le week-end prochain (du 4 au 6 septembre) et rencontrera des représentants de la société civile mais aussi et surtout le président du Parlement libanais, symbole de la corruption, Nabih Berri, le premier ministre démissionnaire Hassan Diab, symbole de l’inaction, et la ministre de la Défense et des Affaires étrangères par intérim, Zena Akar, proche du Parti National Syrien.

La délégation européenne représente, selon nos sources, la gauche européenne, très liée à l’axe de la Résistance (Iran, Syrie, Hezbollah), qui s’était opposée à une résolution du Parlement européen en juin dernier portant sur le Liban, résolution qui devait instaurer des sanctions sur les responsables politiques libanais impliqués dans la grande corruption, et qui ont ruiné le pays et l’ont conduit en enfer. Cette gauche européenne, qui flirte conjoncturellement avec l’extrême droite européenne pour défendre les dictatures syrienne et iranienne, risque de réitérer son opposition aux sanctions lors de la prochaine plénière du Parlement européen du 13 septembre.

Nos sources à Strasbourg affirment que la délégation qui se rendra à Beyrouth sera présidée par l’eurodéputée portugaise Isabel Santos, présidente du groupe d’amitié UE-Machrek, qui entretient de bonnes relations avec ses « amis » de la classe politique libanaise. Les membres de sa délégation sont connus pour leur engagement idéologique hostile à Israël, et donc très favorable à l’axe Téhéran-Damas-Hezbollah. Isabel Santos entretient notamment des relations de très longue date avec les politiciens libanais liés à Damas et à Téhéran, ainsi qu’avec les régimes syrien et iranien qui se seraient montrés généreux avec elle lors de précédents voyages. Elle est de ce fait soupçonnée de jouer le rôle de lobbying en faveur de ces dictatures. En tout cas, elle aurait occulté des détournements des aides européennes au développement versées au Liban. Ces soupçons expliqueraient la levée de bouclier de la gauche européenne, et de certains élus de l’extrême droite (l’aile du président hongrois Viktor Orbán, ami de Bachar Al-Assad et de Gebran Bassil) au Parlement de Strasbourg pour retirer le Liban de l’agenda de la dernière plénière du Parlement européen, en juin dernier. Pour justifier ce rejet, Isabel Santos avait suggéré d’envoyer une mission de parlementaires au Liban pour constater les choses par eux même… D’où cette prochaine visite qui ressemble à un coup d’épée dans l’eau : comment constater l’ampleur de la corruption en rencontrant le chef des corrompus (Berri) ? Comment juger de la lutte contre le fléau en rencontrant le chef des inactifs (Diab) ? Comment évaluer la menace du Hezbollah sur le Liban en rencontrant sa première complice (Akar) ? Il faut rappeler que M. Hassan Diab est mis en cause dans l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020 mais refuse de comparaître devant le juge d’instruction Tarek Bitar. Il convient aussi de rappeler que Monsieur Berri est soupçonné, avec son épouse Randa, de détournement de plusieurs milliards de dollars des fonds de la «Caisse du Sud» ; du Casino du Liban, et de la spoliation de terrains côtiers dans la région de Tyr. Selon des sources bancaires suisses, leurs comptes à la HSBC (Genève) sont bien garnis. Quel signal envoient les eurodéputés à l’opinion publique en rencontrant ces deux responsables de la crise… ? Pour les Libanais, les députés européens « mangent avec le loup et pleurent avec le berger ».

D’où l’amertume de nos sources à Strasbourg : « le ver est malheureusement dans le fruit et les tentacules du Hezbollah et de ses maîtres syriens et iraniens sont bien ancrées en Occident, y compris au sein des institutions. Non seulement les Européens ne parviennent pas à se ressaisir face aux menaces qui les guettent, mais en plus ils assistent au suicide lent de leur Union par ceux-là mêmes censés la défendre ».

Paolo S.