(Rome, Paris, 24 août 2021). Le petit groupe d’Afghans arrivés dans la capitale française fait l’objet d’un contrôle renforcé après un signalement des services de renseignement. L’un d’eux a été placé en garde à vue, après avoir tenté de se soustraire à son contrôle.
Le doute fait place à la suspicion. Un Afghan évacué de Kaboul et arrivé en France a été placé sous surveillance, puis en garde à vue pour avoir tenté d’échapper à son contrôle, a annoncé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, mardi 24 août. Cet homme est soupçonné d’avoir eu des liens avec les talibans. Quatre autres personnes évacuées, identifiées comme étant des proches de cet homme, font elles aussi l’objet d’un contrôle renforcé.
Un premier profil signalé par la DGSI
Les services de renseignement s’intéressent surtout à un Afghan exfiltré dont l’itinéraire a interpellé les enquêteurs de la base militaire française d’Abou Dhabi (Émirats arabes unis), passage obligé pour les personnes évacuées de Kaboul vers Paris. D’après le ministère de l’Intérieur, l’homme aurait confessé aux agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avoir appartenu au mouvement taliban, et a reconnu avoir été responsable d’un barrage du groupe armé à Kaboul.
Ce citoyen afghan a toutefois pu gagner la France ce week-end, conformément au processus d’évacuation, mais a rapidement été placé sous contrôle renforcé après son arrivée sur le territoire. Cette surveillance a été étendue à trois de ses proches, qui voyageaient avec lui, mais qui ne sont pas « directement soupçonnés », précisait le ministère de l’Intérieur ce lundi. Quant au cinquième homme placé sous surveillance, « on a vu après une enquête DGSI qu’il avait des liens avec ces personnes, bien qu’étant venu séparément », a détaillé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
L’homme suspecté a aidé à l’évacuation de l’ambassade de France à Kaboul
Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs précisé les conditions dans lesquelles le citoyen afghan au parcours trouble a réussi à embarquer dans un avion à destination de la France. « Il nous a aidés à sortir des centaines de personnes «de Kaboul», a déclaré Gérald Darmanin.
Cet homme aurait profité du chaos régnant à Kaboul pour quitter son pays. « Devant les difficultés extrêmement fortes de pouvoir faire des enquêtes de sécurité sur les personnes devant être rapatriées », les autorités françaises « ont accepté d’embarquer cette personne et sa famille », expliquait lundi le ministre à l’AFP. « Plus de 1.000 Afghans et une centaine de Français en quelques heures ont été pris de Kaboul, amenés à Abou Dhabi, et d’Abou Dhabi à Paris, a détaillé Gérald Darmanin sur franceInfo. Tous ceux qui, dans la confusion, n’ont pas pu être « criblés », comme on dit, par les services de sécurité, l’ont été sur la base militaire française ».
Les cinq Afghans sont sous surveillance
Dans l’attente d’une enquête approfondie, le ministre de l’Intérieur a donc notifié des « mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance » (Micas) à l’encontre des cinq ressortissants afghans. Ces mesures, prévues dans le cadre des lois antiterroristes, visent à empêcher « la commission d’acte de terrorisme » en exerçant un contrôle renforcé sur les personnes, en les assignant à une zone géographique précise (souvent une commune) et en les obligeant à pointer régulièrement au poste de police ou à la gendarmerie les plus proches. L’un des Afghans placés sous surveillance dans un foyer de Seine-Saint-Denis n’a toutefois pas respecté ces conditions, et a été interpellé par la police. « Il a quitté l’endroit où on lui avait demandé de rester et il est en garde à vue », a précisé Gérald Darmanin, ajoutant que l’homme n’avait été « en fuite » que pendant « quelques minutes ».
« Pas de faille », selon le ministre de l’Intérieur
Ce mardi, Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) a évoqué lors d’une interview l’existence d’un « risque d’infiltration » de proches de talibans parmi les personnes évacuées, qui incite à la vigilance des autorités. « A Roissy, les services spécialisés examinent chaque situation », a-t-il assuré. Gérald Darmanin a quant à lui défendu l’efficacité des services de renseignement, parlant d’un cas isolé parmi les centaines d’Afghans évacués par l’armée française. « Il n’y a pas eu de faille », a-t-il insisté.
Au total, 1.200 Afghans sont déjà arrivés en France depuis la prise de Kaboul par les talibans, le 15 août, d’après Didier Leschi. « Il y a des personnes qui ont travaillé avec l’ambassade de France ou avec des ONG dont certaines peuvent être liées à la France. On a des personnes qui ont appartenu à l’ancienne administration du gouvernement afghan, mais aussi des artistes, des journalistes, des personnes qui sont très en opposition aux talibans. On a beaucoup de familles et un tiers d’enfants », a détaillé le directeur de l’OFII.