(Rome, 18 aout 2021). Après Biden, le Premier ministre britannique Johnson fait également face à un déluge de critiques à la Chambre des communes. May : « Est-ce notre intelligence qui était si pauvre ou avons-nous choisi de suivre les États-Unis en espérant un coup de chance pour s’en sortir ?
Dans les heures mouvementées qui ont suivi la prise de contrôle de Kaboul par les talibans, l’indignation a surmonté le choc initial. D’abord aux États-Unis et peu après au Royaume-Uni, les critiques à l’encontre du président Biden et du Premier ministre Johnson se sont multipliées heure après heure pour les forcer à s’exprimer publiquement. Et si lundi c’était au tour de Biden de défendre sa décision de quitter le pays après vingt ans, mercredi c’était au tour de Johnson qui, à la Chambre des communes qui était comble, a fait face à un déluge de critiques. La Chambre des communes était comble, et l’atmosphère, sombre et tendue. Mercredi 18 août, les députés britanniques, rappelés d’urgence de leurs vacances pour une journée de débat, se sont montrés très durs contre la débandade des alliés occidentaux en Afghanistan.
Selon l’agence italienne «AGI», le plus difficile à digérer est venu de sa collègue de partie et ancienne locataire de Downing Street, Theresa May qui est montée au créneau pour attaquer son successeur, Boris Johnson. Dans un discours sincère, non sans indignation passionnée, elle a tonné depuis les bancs de la majorité : « Était-ce notre intelligence qui était si pauvre, ou avons-nous choisi de suivre les États-Unis en espérant qu’un coup de chance pour s’en sortir ?.
Madame May a également exprimé sa préoccupation du fait que le Royaume-Uni n’a pas réussi à mettre sur pied une alliance alternative de l’OTAN capable de gérer les choses différemment. « Quel message envoyons-nous à la Russie et à la Chine ? L’OTAN est-elle à la hauteur de la situation ? a lancé Theresa May. Et d’ajouter : « C’est une énorme régression pour la politique étrangère du Royaume-Uni. Nous parlons d’une Grande-Bretagne mondiale, mais où est cette Grande-Bretagne mondiale dans les rues de Kaboul ? Nous serons jugés pour nos actions, pas pour nos paroles ».
Le débat à la Chambre des communes s’est déroulé après un week-end et un début de semaine dramatiquement marqués par les images en provenance de la capitale afghane. Dans son allocution, BoJo a répondu qu’il fallait regarder « la dure réalité » en face : « depuis 2009, 98 % des armes fournies par l’OTAN sont venues des Etats-Unis. Sur 132.000 soldats, 90.000 étaient Américains. L’Occident ne pouvait pas continuer sans la logistique des Etats-Unis, sa capacité aérienne et sa puissance. » Il ajoute que ni les alliés occidentaux (hors Etats-Unis) ni la population britannique ne sont prêts à envoyer des dizaines de milliers de soldats supplémentaires en Afghanistan.
Depuis lundi, les dirigeants européens multiplient les entretiens par téléphone à la recherche d’une approche commune, face à l’évolution soudaine mais non inattendue. Boris Johnson a contacté le président français, Emmanuel Macron, pour lui proposer un G7 extraordinaire en visioconférence avec trois principaux objectifs : faire face à l’urgence humanitaire dans le pays, décider d’une approche unifiée face au nouveau pouvoir taliban et peser des sanctions appropriées en en cas de violations des droits humains. Le sommet devrait avoir lieu la semaine prochaine.
Biden a évité tout contact avec les dirigeants européens jusqu’à mardi soir où, lors d’un appel téléphonique avec Johnson, il a finalement accepté de participer à la réunion extraordinaire du G7. Une réunion qui risque d’être tendue.
La nécessité de ces heures semble être de sauver la face à un moment où l’opinion publique est fortement ébranlée par la manière dont la décision de quitter le pays a été prise, ajoute AGI. Sur ce point, Johnson et Biden doivent se serrer les coudes. Quant à la manière de gérer les conséquences réelles du choix, les deux dirigeants joueront le jeu de manière autonome et en tenant compte de leur électorat spécifique.
Dans ce scénario, une Europe unie pourra faire la différence. La question afghane est un test crucial pour affirmer sa crédibilité et démontrer qu’elle est à la hauteur des grands défis que l’époque impose.