Afghanistan: Jean-Yves Le Drian pose les conditions pour que la France reconnaisse les talibans

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(Rome 18 août 2021). Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a listé ce mercredi 18 août les cinq conditions préalables à une éventuelle reconnaissance internationale du régime des talibans en Afghanistan, assurant qu’elles n’étaient pas remplies malgré les déclarations des nouveaux maîtres de Kaboul.

« Je sais qu’ils font preuve de beaucoup d’efforts pour essayer d’avoir une reconnaissance internationale, mais il ne suffit pas de faire des déclarations comme on peut les lire ici et là sur le respect du droit des femmes, il faut encore des actes”, a déclaré le ministre sur BFMTV.

Les cinq conditions pour une reconnaissance

« Si les talibans de nouvelle génération veulent une reconnaissance internationale (…), il faut d’abord » :

  • Qu’ils permettent la sortie des Afghans qui veulent quitter ce pays parce qu’ils ont peur.
  • Qu’ils fassent en sorte que le terrorisme ne se sanctuarise pas dans leur pays, il faut qu’ils le manifestent très concrètement.
  • Qu’ils acceptent que l’aide humanitaire puisse parvenir sur le territoire afghan.
  • Il faut en plus qu’ils se mettent en situation de respecter les droits, en particulier les droits des femmes. Ils l’annoncent, il faut le faire.
  • Et enfin, il faut qu’ils constituent un gouvernement de transition”, a-t-il énuméré.

« Voilà les conditions d’une reconnaissance internationale. Après on verra, mais pour l’instant, il faut qu’ils posent ces actes, ils ne sont pas posés à cette heure », a-t-il conclu.

Ils « seront les parias de la communauté internationale »

Si ces gages ne sont pas donnés, les talibans “seront les parias de la communauté internationale, et il faudra leur faire vivre cette situation de parias (…) il faudra une grande fermeté”, a déclaré le ministre français dont le pays est membre permanent du conseil de sécurité, du G7, du G20, et un des membres important de l’UE.

Après deux décennies passées à tenter de vaincre les talibans, les puissances occidentales sont confrontées au choix difficile d’établir ou non des relations avec le groupe fondamentaliste qui gouverne désormais l’Afghanistan.

Les insurgés semblent déjà recevoir un accueil international plus chaleureux que lors de leur premier régime brutal (1996-2001), la Russie, la Chine et la Turquie ayant salué leurs premières déclarations publiques.

Parler ou pas avec les talibans

En attendant, après deux décennies passées à tenter de vaincre les talibans, les puissances occidentales sont confrontées au choix difficile d’établir ou non des relations avec le groupe fondamentaliste qui gouverne désormais l’Afghanistan.

Les insurgés semblent déjà recevoir un accueil international plus chaleureux que lors de leur premier régime brutal (1996-2001), la Russie, la Chine et la Turquie ayant salué leurs premières déclarations publiques.

Si les Américains négocient eux avec les talibans le « calendrier » des évacuations, la Maison Blanche martèle également qu’elle attendra en revanche de pouvoir juger sur les actes, notamment sur le respect des droits humains, avant de décider de la nature de leurs futures relations diplomatiques.

Washington s’est néanmoins dit prêt à maintenir sa présence diplomatique à l’aéroport de Kaboul après la date limite de retrait militaire fixée au 31 août, à condition que la situation soit « sûre », a précisé le porte-parole du département d’Etat, Ned Price.

  • Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell l’a lui admis sans détour mardi: « les talibans ont gagné la guerre. Donc, nous devrons parler avec eux ».
  • À l’opposé, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a pour sa part annoncé que son pays n’avait « pas l’intention de reconnaître un gouvernement taliban ».
  • Au Royaume-Uni, qui a suivi la décision des Etats-Unis en retirant aussi ses troupes, le ministre des affaires étrangères Dominic Raab a admis que « normalement », Londres ne travaillerait pas avec les talibans.

(HuffingtonPost)