(Rome, 06 aout 2021). Le 30 juillet, un sous-marin nucléaire russe de classe Oscar II, l’Orel, a rencontré un problème inconnu avec son système de propulsion alors qu’il traversait les eaux danoises de la mer Baltique, forçant la marine russe à envoyer un remorqueur et à se préparer à remorquer le navire, peu de temps avant qu’il ne reprenne ses activités. Les détails de l’incident ne sont pas tout à fait clairs, mais les sous-marins russes ont connu plusieurs problèmes ces dernières années.
Selon les informations publiées par Paolo Mauri dans «Inside Over», le Barents Observer rapporte que l’Orel naviguait aux côtés du destroyer de classe Udaloy, le vice-amiral Kulakov, en route de Saint-Pétersbourg vers la péninsule de Kola, lorsque le problème s’est produit à la hauteur du détroit de Danemark. L’équipage de l’Orel aurait été vu sur le pont avant portant des gilets de sauvetage alors que le remorqueur de la Northern Fleet Altai s’approchait pour le remorquage. Le patrouilleur danois Diana s’est également approché pour offrir de l’aide et a tenté en vain d’établir un contact radio avec le sous-marin échoué, mais le destroyer a répondu à la place, qui a apparemment décliné la courtoise invitation. Le patrouilleur danois escortait l’Orel lors du passage le long du détroit, qui se déroule en surface, lorsque l’accident s’est produit.
Une fois que les problèmes de propulsion du sous-marin ont été suffisamment résolus pour qu’il puisse continuer à naviguer, les navires russes se sont dirigés vers le nord à travers le Skagerrak (un passage maritime entre le sud de la Norvège, le nord-ouest du Jutland danois et le Bohuslän suédois, ndlr). La défense norvégienne a affirmé que le sous-marin avait repris son transit d’abord en surface puis submergé.
Jusqu’à présent, la marine russe n’a donné aucune explication sur l’incident, suscitant des inquiétudes quant à la nature spécifique du problème. « C’est toujours inquiétant quand un tel navire rencontre des problèmes de propulsion », a déclaré la porte-parole de la Défense norvégienne, le major Elisabeth Eikeland, au Barents Observer.
L’Orel ainsi que d’autres unités navales de la Flotte du Nord se trouvaient en mer Baltique pour la parade navale du 25 juillet à Saint-Pétersbourg, qui célébrait le 325e anniversaire de la marine russe. La parade a également vu la participation outre le Ssgn qui a connu l’accident, du sous-marin lance-missiles balistique de classe Borei-A « Knyaz Vladimir » et du sous-marin nucléaire d’attaque de classe Akula II « Vepr ». Des navires d’Iran, du Pakistan et d’Inde étaient également présents.
Plus tôt dans la journée, un avion de l’USAF WC-135W « Constant Phoenix » a été observé en train de sillonner le ciel de la Baltique effectuant plusieurs circuits entre l’Estonie et la Lituanie. L’avion est connu sous le nom de «nuke sniffer/renifleur nucléaire» car sa principale mission est de collecter des échantillons atmosphériques afin de détecter et d’identifier la présence d’isotopes radioactifs dérivant d’explosions nucléaires mais également dérivant de fuites radioactives. L’USAF en possède deux, basés à la base aérienne d’Offutt, dans le Nebraska, et il est donc assez rare de nos jours de les voir voler. Durant les années de la guerre froide, depuis leur entrée en service en 1965, ils ont effectué plusieurs vols de « patrouille » dans le ciel des régions polaires, de la Méditerranée, de l’Extrême-Orient et de l’océan Indien.
Certains experts, ajoute Paolo Mauri, pensent que ce vol « étrange » du WC-135W pourrait être lié aux essais en mer du porte-conteneurs russe à propulsion nucléaire Sevmorput (le seul au monde), effectués hier dans le golfe de Finlande, où il est toujours amarré. Ce navire dispose d’un réacteur KLT-40 de 135 MW et mesure 260 mètres de long pour un déplacement de plus de 61.000 tonnes (le déplacement est une mesure de la masse de liquide déplacée par la partie immergée d’un navire dans différentes situations de chargement, ndlr).
D’autre part, il est également envisageable que l’avion ait été envoyé à la recherche de traces d’une éventuelle défaillance du réacteur – avec fuite radioactive relative – de l’Orel, ce qui expliquerait aussi le circuit de vol effectué le long de l’itinéraire présumé du sous-marin. En effet, les isotopes radioactifs, s’ils sont dispersés dans l’eau, peuvent être traçables plus longtemps que lorsqu’ils sont diffusés dans l’atmosphère. Cependant, on sait que l’Orel a continué sa navigation, donc une éventuelle défaillance d’un système (ou sous-système) du réacteur n’aurait pas dû être assez grave au point de libérer de grandes quantités de radioactivité (si elle devait se produire).
Restons donc dans le domaine des hypothèses jusqu’à ce que de nouvelles données rebondissent (s’il y en a) du réseau de surveillance de l’OTAN et de la Suède, car nous pensons, poursuit M. Mauri, qu’aucune communication officielle ne viendra de Moscou. Ironiquement, l’Orel, un sous-marin de 30 ans, appartient à la même classe qu’une autre unité infâme : le Koursk, qui a coulé le 12 août 2000, lorsque, lors d’un exercice en mer de Barents, une explosion dans le compartiment des torpilles a détruit l’avant du sous-marin, le faisant couler, emportant avec lui la vie des 118 membres d’équipage. L’Orel est l’un des trois sous-marins de classe Oscar-II restants dans la flotte du Nord, tous basés sur la péninsule de Kola.