Emmanuel Macron sur la liste des cibles du Maroc

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(Rome, 20 juillet 2021). Le Maroc a sélectionné l’un des numéros du chef de l’État en 2019 pour une possible infection de son téléphone avec le logiciel Pegasus, révèle France Info.

Les révélations se poursuivent au sujet du projet Pegasus. Ce mardi 20 juillet, France Info et 16 autres médias indiquent qu’Emmanuel Macron faisait partie des cibles du Maroc. L’un des numéros de portable du chef de l’État a été sélectionné en 2019 par les services de renseignements marocains pour une éventuelle infection par le logiciel espion développé par la société NSO.

Plusieurs numéros appartenant à des membres de l’entourage d’Emmanuel Macron, comme son ancien chef de la sécurité, Alexandre Benalla, ont également été sélectionnés comme cibles potentielles par les services marocains. De son côté, Le Monde souligne que les numéros de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et de 14 autres ministres, dont Jean-Yves Le Drian, Christophe Castaner, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire ou François de Rugy, étaient également sélectionnés par le logiciel espion Pegasus. Des parlementaires et responsables politiques comme François Bayrou du MoDem, le député de La France Insoumise Adrien Quatennens, ou Gilles Le Gendre figuraient également sur la liste.

« On a trouvé ces numéros de téléphone, mais n’on a pas pu faire d’enquête technique évidemment sur le téléphone d’Emmanuel Macron » pour vérifier s’il a été infecté par ce logiciel et donc « cela ne nous dit pas si le président a été réellement espionné », a expliqué Laurent Richard, le directeur de Forbidden Stories, sur la chaîne d’info LCI. Mais selon lui, que le président ait été ou pas espionné, cela « montre en tout cas qu’il y a eu un intérêt de le faire ».

La société NSO nie les faits

« Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves. Toute la lumière sera faite sur ces révélations de presse », a réagi l’Élysée. Le logiciel utilisé par le Maroc avait pour but de pénétrer dans le téléphone d’Emmanuel Macron afin d’y récolter différentes données, avoir accès aux conversations et même, peut-être, activer le micro ou la caméra du chef de l’État, explique France Info. De son côté, le royaume chérifien conteste son implication dans cette affaire d’espionnage.

Dans un communiqué publié mardi, NSO a affirmé que le président de la République « n’a pas et n’a jamais été une cible ou n’a jamais été sélectionné comme une cible par des clients de NSO », sans préciser sur quoi elle se base pour l’affirmer. L’entreprise n’a en effet « pas accès aux données de ses clients qui doivent toutefois fournir ce type d’informations ».

Interrogé sur franceinfo, François de Rugy a souhaité que « le Maroc fournisse des explications à la France, au gouvernement français et à une personnalité comme moi qui étais membre du gouvernement français lorsqu’il y a eu une tentative d’intrusion et de captation des données de mon téléphone portable », tandis que Gilles Le Gendre a dénoncé sur Twitter « l’extrême gravité de cet espionnage à grande échelle » révélé par le quotidien.

Des dirigeants du monde entier visés

Le président français n’est pas le seul chef d’Etat dont le téléphone a peut-être été espionné via Pegasus. Selon Radio France, le roi du Maroc Mohammed VI et son entourage « sont sur la liste des cibles potentielles », et d’après le Washington Post, autre membre du consortium de médias enquêtant sur cette affaire, elle contient des numéros de deux autres présidents, l’Irakien Barham Saleh et le Sud-Africain Cyril Ramaphosa.

Le Washington Post avance également les noms de trois Premiers ministres en exercice, ceux du Pakistan, Imran Khan, de l’Egypte, Mostafa Madbouli, et du Maroc, Saad-Eddine El Othmani, et d’un total de sept Premiers ministres au moment où ils ont été sélectionnés sur la liste, dont le Libanais Saad Hariri, l’Ougandais Ruhakana Rugunda, et le Belge Charles Michel.

Avant même que ces nouvelles informations n’aient été dévoilées, la justice française a ouvert une enquête mardi pour examiner la plainte de journalistes qui auraient également été ciblés par le Maroc à l’aide de Pegasus, selon le consortium.

(Le Point)