Base navale et avions de chasse russes: l’Egypte arme la Méditerranée

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(Rome, 07 juillet 2021). L’Egypte continue à se blinder. La Méditerranée orientale, l’Afrique du Nord et l’ensemble de la zone Moyen-Orient n’offrent pas de garanties de stabilité et encore moins de paix. Et le défi entre les différents blocs qui composent l’échiquier méditerranéen va de pair avec une volonté globale de réarmement qui implique toutes les puissances régionales.

Selon l’analyse de Lorenzo Vita dans «Inside Over», les dernières nouvelles arrivent du front maritime. Abdel Fattah al Sissi a inauguré une nouvelle base navale dans la région de Jarjoub, à 135 kilomètres de la frontière avec la Libye. L’inauguration s’est déroulée en grand style. Dans la base de «3 juillet» se trouvaient deux porte-hélicoptères Mistral (de production française), deux Fremm italiens et un sous-marin de fabrication allemande. Aux côtés du Raïs du Caire se trouvaient également le prince héritier d’Abou Dhabi, le cheikh Mohammed bin Zayed Al-Nahyan, et le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Menfi. Des messages à ne pas sous-estimer tant sur le plan militaire que du point de vue diplomatique.

La nouvelle base égyptienne, dont le nom rappelle la date à laquelle al Sissi a pris le contrôle du pays, a des dimensions importantes. Comme le rapporte l’«Agence Nova», le porte-parole des forces armées égyptiennes a déclaré que la base couvre une superficie d’environ 10 millions de mètres carrés et dispose d’une jetée militaire d’un kilomètre de long, d’une piste d’atterrissage et d’amarrages commerciaux qui s’étendent sur environ deux kilomètres. Un nouveau hub qui pour le gouvernement égyptien servira à « protéger le pays dans la direction stratégique du nord et de l’ouest, ainsi qu’à défendre sa richesse économique, ses lignes de navigation et sa sécurité maritime, avec l’utilisation de groupes de combat d’unités navales de surface, de sous-marins et d’avions de guerre ».

L’inauguration s’inscrit dans le cadre d’un fort processus de militarisation imposé par al Sissi à « son » Égypte. L’inauguration de la base «3 juillet» confirme en effet la volonté de moderniser et de renforcer la flotte, en blindant la Méditerranée et la mer Rouge. Mais en plus du secteur naval, sur lequel l’Egypte se concentre avec toutes les puissances de la région, il existe également un fort intérêt pour le renforcement de la flotte aérienne. Plusieurs médias internationaux affirment que l’armée de l’air égyptienne aurait reçu tous les MiG-29 demandés à la Russie et aurait également commencé à recevoir les premiers Sukhoi Su-35. Et «Nova», qui cite le centre suédois «Sipri» (un institut d’études stratégiques fondé le 6 mai 1966, ndlr), rapporte qu’à l’usine Gagarine de Komsomolsk-sur-l’Amour (une ville dans le krai de Khabarovsk en Russie, ndlr) se trouvent 12 autres avions prêts à être livrés.

Outre cette poussée décisive vers le renforcement de l’appareil militaire, s’ajoute la voie diplomatique pour sécuriser les alliances avec les partenaires régionaux. La présence du régent émirati à l’inauguration de la base est un signal éloquent, qui confirme la volonté du Caire de resserrer l’axe avec Abou Dhabi tant en Libye que dans d’autres régions du Moyen-Orient et de la Corne de l’Afrique, ajoute M. Vita. L’Égypte a renforcé son partenariat avec le Soudan pour arrêter les initiatives de l’Éthiopie sur le front des barrages. Et ces jours-ci, c’est aussi la rencontre entre le ministre égyptien de la Défense, Mohamed Zaki, et son homologue chypriote, Charalambos Petrides : un sommet qui a confirmé les relations de plus en plus étroites dans le domaine militaire entre Le Caire et Nicosie. Un lien qui confirme la construction de ce bloc composé de l’Égypte et des Émirats arabes unis et qui voit également une implication croissante de Chypre, de la Grèce et d’Israël en partie. Un bloc qui semble n’avoir qu’un seul adversaire pour unir ces pays très différents : la Turquie.