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Attaque contre Israël à New Delhi. Les indices mènent à Téhéran

(Rome, 25 juin 2021). La police indienne a arrêté quatre personnes pour l’attentat (manqué) contre l’ambassade d’Israël à New Delhi en janvier. La cellule aurait été recrutée par l’Iran via une université et formée par les forces d’élite de Téhéran

Comme le rapporte Gabriele Carrer dans le célèbre site italien «Formiche», le 29 janvier, jour où Israël et l’Inde ont célébré le 29e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques, une bombe a explosé – heureusement sans faire de victimes, seuls quelques véhicules ont été endommagés- près de l’ambassade d’Israël à New Delhi. Cinq mois plus tard, les autorités indiennes ont arrêté quatre étudiants universitaires à Kargil, une ville du Ladakh, territoire à majorité musulmane de la région himalayenne de l’Inde, devenue en 2019 autonome du Cachemire disputé entre l’Inde et le Pakistan.

Les quatre ont ensuite été emmenés dans la capitale. Il s’agit des frères Aiaz Hussain (28 ans) et Muzammil Hussain (25 ans) et leurs cousins ​​​​Nazir Hussain (26 ans) et Zulfikar Ali Wazir (25 ans), tous résidents de Kargil. Quatre téléphones portables et un ordinateur portable ont été saisis.

Des enquêteurs indiens ont travaillé ces derniers mois avec le Mossad pour reconstituer le réseau des auteurs de l’attentat, perpétré à l’aide d’une bombe de 2,6 kilogrammes bourrée de pentrite (le même explosif souvent utilisé par Al-Qaïda) et de grenaille de plomb déclenchée à distance. Immédiatement après l’explosion, l’attaque a été revendiquée par Jaish-el-Hind, une organisation terroriste indienne soupçonnée d’avoir des liens avec l’Iran. Il s’agit du même groupe qui aurait joué un rôle dans la mort de l’homme d’affaires Mansukh Hiran en mars en plaçant un explosif sous sa voiture.

L’enquête sur l’attentat contre l’ambassade d’Israël à New Delhi mène jusqu’à Téhéran. Notamment à la Force Al-Qods, l’une des cinq composantes des Gardiens de la révolution iraniens, celle chargée des opérations à l’étranger. Une note a en effet été retrouvée à côté de la porte de l’ambassade promettant de se venger de la mort des «martyrs» Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods, et Abou Mehdhi Al Mouhandés, chef d’une milice irakienne alliée à Téhéran, tous deux tués à Bagdad dans un raid américain de drones mené en janvier 2020, et Mohsen Fakhrizadeh, un physicien nucléaire tué à Téhéran en novembre dernier dans une attaque attribuée au Mossad.

La cellule, dont au moins un de ses membres aurait étudié en Iran, aurait été inscrit sur le sol indien via l’Université internationale Al-Moustafa, une institution iranienne basée dans la ville sainte chiite de Qom et présente dans plus de 50 pays (dont l’Inde), et gérée depuis le Pakistan par des éléments de la Force Qods. C’est ce qu’a révélé le portail spécialisé Intelli Times.

L’université a été placée sous sanctions par l’administration américaine en décembre pour son rôle dans le recrutement d’étudiants pakistanais et afghans par la Force Al-Qods dans le conflit du conflit syrien, ajoute M. Carrer. Le département du Trésor américain a qualifié l’université de «façade» en expliquant que la force Al-Qods utilise les sites de l’institution à l’étranger comme « plate-forme de recrutement » pour « la collecte de renseignements et les opérations ».

Deux hypothèses se cachent derrière l’échec de l’attaque, poursuit Gabriele Carrer. La première est géopolitique : il s’agissait d’adresser un message à Israël mais sans contrarier un pays comme l’Inde avec lequel l’Iran entretient des liens économiques forts, malgré le malaise de New Delhi face au soutien apporté par Téhéran, avec l’ayatollah Ali Khamenei en premier lieu, au séparatisme au Cachemire. La seconde, poursuit M. Carrer, est étayée par le fait qu’en décembre l’un des quatre accusés a posté sur les réseaux sociaux une photo de Fakhrizadeh, tué fin novembre, deux mois seulement avant l’attentat : la cellule aurait pu être recrutée, entraînée et déployée de manière précipitée, sans la formation nécessaire. Et c’est la piste qui convainc le plus les services secrets israéliens.

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