France-élections: départementales et régionales, «une gifle pour Macron». Abstention record, plus de 66%

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À la une de la presse, ce lundi 21 juin, les résultats du premier tour des élections départementales et régionales de dimanche. Un scrutin marqué par un taux d’abstention record, qui oscille entre 66,1 % et 68,6 % selon les estimations.
Jamais des élections n’ont aussi peu mobilisé sous la Ve République : « Un scrutin déserté », titre ce matin La Croix – pas surpris, néanmoins, par le niveau de l’abstention, qu’il attribue à « l’indifférence, la désillusion, le dépit, la colère » des Français, et sans doute aussi, pour certains d’entre eux, à « la peur du virus ». « Le tsunami de l’abstention ». L’Humanité parle d’un « coup de tonnerre démocratique », en appelant à « prendre la mesure » de ce qui ressemble plus, selon lui, à une « grève civique » qu’à une « fainéantise dominicale ». « Si même les plus investis dans la vie publique commencent à rejoindre les rangs des « à-quoi-bonistes » – celles et ceux qui de vote en vote n’ont pas vu leur vie quotidienne changer -, c’est que la cote d’alerte est bel et bien franchie », s’inquiète le journal.
Au-delà de l’épidémie, Libération relève que « les scrutins boudés s’enchaînent depuis trop d’années pour s’abriter derrière ce contexte particulier ». « Les Français décrochent »: comme le personnage dans le dessin de Coco, à la une du journal, assis sur un morceau d’enveloppe de bulletin de vote, à la dérive. Pour le quotidien, la France souffre depuis plusieurs années d’une offre politique qui laisse l’électeur « sur le bord de la route », d’une « coupure » entre les citoyens et les politiques, dont témoigne l’attitude des partis, qui ont préféré « se livrer à un tour de chauffe de la prochaine présidentielle », plutôt que de discuter des vrais enjeux, régionaux et départementaux de ces élections. En témoigne « l’instrumentalisation du thème de la sécurité par le RN, LR et la majorité présidentielle » qui, selon Libé, est « le pire exemple de confiscation » du débat.
Autre journal, même constat. Pour Le Figaro, la très forte abstention « n’est pas le fruit du hasard ni de l’accident » mais « le signe d’une véritable sécession démocratique, le témoignage irréfutable du discrédit qui frappe les partis politiques traditionnels, au premier rang desquels celui d’Emmanuel Macron, qui était censé « réduire la fracture démocratique », mais aussi, c’est une surprise, le RN de Marine Le Pen, qui, pour être depuis si longtemps dans le paysage, n’est plus épargné par la colère des Français ». Une colère nourrie « depuis trente ans », selon le journal, par « le chômage, l’immigration incontrôlée et l’insécurité » mais aussi « l’islamisme et la paupérisation de la France périphérique, le matraquage fiscal, la faillite de l’école et l’écologie punitive… ». D’après la presse française, le niveau sans précédent de l’abstention a favorisé les sortants. Le Parisien/Aujourd’hui en France note que le PS « résiste » et que la droite mène la course en tête dans toutes les régions où elle était sortante, dans les Hauts-de-France, la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Île-de-France, notamment – à l’exception de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur), où le Rassemblement national arrive en tête. Donné par les sondages en tête dans 6 régions sur 13, le RN de Marine Le Pen recule, finalement, sensiblement partout en France. Une « contre-performance » que Le Monde attribue, là encore, à l’abstention : 73 % des électeurs disant avoir voté pour Marine Le Pen en 2017 ne se sont pas déplacés hier, selon un sondage. « La colère peut parfois amener à baisser les bras », a d’ailleurs réagi Louis Aliot, le maire RN de Perpignan. Le score moins élevé qu’attendu du RN, est souligné aussi par The Washington Post. Le quotidien américain fait état, également, de la possibilité d’une victoire de l’extrême-droite au second tour en région Paca, ce qui constituerait une première en France.
Sanctionnée elle aussi, La République en marche (LREM) encaisse une nouvelle défaite, après les municipales de 2020. LREM éliminée dès le premier tour dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie, à peine plus de 10 % ailleurs. La « déroute » de la majorité présidentielle confirme son incapacité à réussir son « ancrage territorial », d’après le Huffington Post, qui souligne à quel point la déconvenue est particulièrement nette dans les Hauts-de-France, malgré la présence sur la liste LREM de cinq ministres, dont le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Au Royaume-Uni, The Guardian parle même d’une « gifle » pour Emmanuel Macron, tout en mettant en garde contre la tentation de projeter les résultats de ce premier tour sur la présidentielle de 2022. Selon le quotidien britannique, le très fort taux d’abstention empêche « toute forme de prédiction » pour l’année prochaine, d’autant que ni la gauche ni la droite « n’ont de candidat crédible » à opposer à Emmanuel Macron, du moins « pour le moment ». (France24/RaiNews)