(Rome, 09 juin 2021). La pandémie a monopolisé l’attention des médias pendant plusieurs mois, rendant tout autre sujet marginal. En Europe on ne parle plus de terrorisme. Pourtant, juste avant le début de l’urgence sanitaire, le spectre de nouveaux attentats et les souvenirs des terribles nuits du Bataclan et autres événements tragiques étaient des éléments bien présents dans le débat politique. D’une part, le fait qu’on parle de moins en moins du phénomène djihadiste était une bonne chose, indiquant une diminution de la pression terroriste sur le Vieux Continent. Mais de l’autre, une « distraction » des thèmes concernant la sécurité pourrait permettre aux groupes extrémistes de trouver un espace pour de nouvelles attaques. De la part des principales forces de sécurité, l’attention n’a jamais faibli. En effet, selon le journaliste Mauro Indelicato du site «Formiche.net», la surveillance des forces radicales s’est poursuivie et a conduit aujourd’hui à de nouvelles alertes.
Comment le djihad s’est déplacé pendant la pandémie
Immédiatement après les attentats du 7 juillet 2005 à Londres, les premiers en Europe perpétrés par Al-Qaïda à l’aide de kamikazes, les renseignements de Sa Majesté étaient très clairs : d’après les forces de sécurité du Royaume-Uni, les terroristes visent à exploiter une grande exposition médiatique. Lorsqu’en Italie d’abord puis dans le reste du continent, en mars 2020, l’attention de la population s’est tournée uniquement vers l’explosion des cas d’infection au coronavirus, les acronymes djihadistes sont entrés dans une phase d’inactivité apparente. En témoigne l’enchaînement des attentats menés en 2020. L’année marquée par la pandémie s’est ouverte avec deux attentats, l’un réalisé le 3 janvier à Paris et l’autre le 2 février à Londres. Dans les deux cas, les attentats ont été perpétrés à l’arme blanche par deux radicaux, probablement affiliés à l’EI. Ensuite de mars à mai, pendant la période où l’Europe a connu la première vague pandémique, aucun épisode terroriste islamique n’a été enregistré.
Lorsqu’on fait référence aux forces djihadistes, l’attention est portée à la fois à Al-Qaïda et à l’EI : les deux grandes formations terroristes sont actives dans les milieux radicaux européens et capables de mener de nouveaux attentats, ajoute M. Indelicato. Un membre de l’EI d’origine libyenne est entré en action le 20 juin 2020 dans la ville anglaise de Reading (située dans le Berkshire, dans la vallée de la Tamise, ndlr), attaquant des passants au couteau. Les trois victimes de cette journée tragique ont été les premières à avoir été tuées par le terrorisme en Europe depuis la fin des différents confinements. Ce n’était pas un hasard : en effet, à ce moment-là, avec les contagions en nette diminution, les djihadistes savaient qu’ils pouvaient regagner la scène médiatique. À l’automne, le terrorisme a frappé fort. D’abord à Nice en France, où un Tunisien débarqué quelques semaines plus tôt à Lampedusa a tué trois fidèles à l’intérieur de la cathédrale le 29 octobre, puis en Autriche. C’est là que dans la soirée du 2 novembre, un commando est entré en scène, terrorisant divers points de Vienne, tuant au total quatre personnes. En novembre précisément, le Vieux Continent est entré dans la phase la plus aiguë de la deuxième vague d’infections et à partir de ce moment, aucune nouvelle attaque n’a été enregistrée. Un signe supplémentaire de la façon dont, sans la possibilité de faire la une des médias, les miliciens islamistes mettent un frein à leurs vagues ambitions criminelles.
Alertes pour l’avenir
Le terrorisme semble avoir diminué en Europe, poursuit le journaliste, mais tragiquement très actif dans les zones les plus chaudes. Du Moyen-Orient, avec un retour des attaques djihadistes également au cœur de Bagdad en mars, jusqu’à l’Afrique subsaharienne, l’EI et Al-Qaïda ont montré qu’ils étaient tout sauf mis en sommeil. La crainte est maintenant que le terrorisme ne revienne frapper en Occident également. L’urgence Covid, d’un point de vue médiatique, est pour l’instant redimensionnée grâce à une nouvelle baisse des cas de contagion et à l’avancée des plans de vaccination. L’alerte est double : il existe non seulement la possibilité de la mise en œuvre de nouvelles attaques planifiées, mais aussi la crainte d’une déstabilisation supplémentaire des pays les plus vulnérables du fait de l’urgence du coronavirus. Sur ce dernier front, le Conseil suprême de la défense italien, qui s’est réuni le 14 mai, a été très clair : « La pandémie aggrave la situation socio-économique des régions les plus fragiles », lit-on dans une note publiée à l’issue de la réunion (à laquelle a participé le chef du gouvernement Mario Draghi) « avec des conséquences humanitaires et des implications pour la sécurité des populations ».
« Dans un tel contexte, ont poursuivi les membres du conseil dans la note, le terrorisme transnational pourrait trouver de nouvelles marges de manœuvre et reste une menace préoccupante, qui doit être combattue par des actions décisives, de nature multilatérale et dans le cadre d’initiatives communautaires internationales ». Une alerte qui n’est pas uniquement valable pour l’Italie, mais qui est également étendue à d’autres pays européens. Le contexte général, marqué par le rebondissement de la phase actuelle de l’épidémie, nécessite une attention toute particulière pour prévenir d’éventuels dangers sur le plan de la sécurité.