Une semaine de «crépitement» en Iran. Vieilles structures ou sabotage ?

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(Rome, 07 juin 2021). Des installations qui brûlent, des échecs mystérieux. Les structures militaires et civiles en Iran sont anciennes et mal protégées, exposées aux ravages du temps et au sabotage de l’adversaire. Il est difficile pour Téhéran de se décrire comme une puissance.

Selon le site «Formiche.net», en Iran, la saison des incendies a repris, et cela ressemble presque à un «déjà vu» de l’année dernière. Des centrales électriques, des usines, des navires et diverses infrastructures brûlent soudainement. A Téhéran, dans le sud, au bord de la mer : les lieux des incendies sont dispersés, les causes diverses, les nombreux suspects. Dimanche 6 juin, c’était le tour d’une usine sidérurgique à Zarand, dans la province de Kerman : une puissante explosion, suivi d’un incendie. La « Zarand Steel Company » a été sanctionnée cette année par les États-Unis. C’est le troisième cas de ce genre en sept jours, ajoute le site web Formiche.

Bien sûr, tout mettre sur le dos du Mossad est une spéculation aussi fascinante que risquée : les services secrets israéliens pourraient-ils être capables de frapper avec une telle efficacité, une telle constance et une telle répartition à l’intérieur de l’Iran ? Rien n’est à exclure au vu de leurs capacités, mais un facteur ne peut pas non plus être négligé : l’obsolescence des structures de la République islamique, un aspect qui, ces derniers mois, s’est aggravé par la hausse des températures et à la saison sèche.

La semaine dernière, le « Kharg », comme le rapporte «Formiche», un navire de ravitaillement a pris feu (les médias le décrivent comme «le plus gros navire de la flotte iranienne» : il est vrai, mais ce n’est pas un navire de guerre, mais plutôt un navire de soutien). Les flammes se sont propagées à bord de manière inexplicable, elles ont été alimentées par le carburant transporté, les quatre cents membres de l’équipage se sont échappés à temps (une quarantaine ont été cependant blessés), le navire a entièrement brûlé. Le tout est arrivé au large du port de Jask, surplombant le golfe d’Oman à l’embouchure du détroit d’Ormuz, goulet d’étranglement stratégique du golfe Persique que l’Iran se targue de contrôler.

Ces dernières années, dans ces mêmes eaux à travers lesquelles transitent 20 pour cent du brut mondial, divers accidents sont survenus à des cargos transportant du pétrole et des produits pétrochimiques. Les États-Unis et Israël avaient blâmé les Pasdaran. Mais des informations ont été récemment révélées sur la façon dont, depuis 2019, des dizaines de navires iraniens ont été sabotés par les Israéliens alors qu’ils se rendaient en Syrie en violation de l’embargo de l’ONU. En avril dernier, le faux cargo « Saviz » utilisé par l’Iran pour le renseignement devant le Yémen a été endommagé par une mine patelle, une mine magnétique fixée à la quille et actionnée à distance.

Le Kharg se trouvait dans le golfe d’Oman pour soutenir les exercices navals iraniens. Ainsi, alors que les forces armées de Téhéran tentaient de donner une image musclée, un gros navire de soutien aux opérations militaires (fournissant le carburant pour les frégates et les destroyers) prend feu. Il existe deux significations : soit la marine iranienne est si faible qu’elle ne s’aperçoit pas que lors d’un exercice un de ses navires est saboté, soit les navires sont vieux et ne répondent plus aux normes minimales de fonctionnement et donc, prennent feu, laissant leur flanc exposé (ce qui est considéré comme incroyable, qu’une mission d’attaque restant en rade sans essence au milieu de la mer).

La semaine dernière également, deux pilotes de l’armée de l’air iranienne ont péri à l’intérieur d’un hangar car alors qu’ils partaient pour une mission d’entraînement, les sièges de leur chasseur se sont injectés en les projetant contre le toit du hangar. L’avion dans lequel ils se trouvaient était un F-5, fabriqué par l’américain Northtrop, entré en service en 1962 et fourni à Téhéran à l’époque du Shah. Ils sont encore utilisés en petit nombre parce qu’ils sont très petits et maniables, utilisés dans des exercices de supériorité aérienne également aux États-Unis (comme le montre le film « Top Gun », où ils ont remplacé les Mig-28). Au moins, ceux de l’Iran manquent d’entretien, notamment en raison des sanctions sévères sur les fournitures militaires auxquelles les Américains ont soumis le pays.

Jeudi dernier, une raffinerie a pris feu dans l’arrière-pays sud de Téhéran. Une fumée noire intense était visible à plusieurs kilomètres. Encore une fois : sabotage ou obsolescence ? Le système est ancien, le respect des protocoles de sécurité est faible, la négligence est possible. Ensuite, il ne faut pas oublier que dans diverses structures comme la centrale nucléaire de Natanz, des attentats et des sabotages ont eu lieu. Des opérations évidentes, sur lesquelles la République islamique adopte une ligne ambiguë : d’une part elle dénonce être attaquée pour justifier ses initiatives agressives (comme le développement de nouvelles armes, les activités avec les milices chiites, la volonté floue de parvenir à la dissuasion nucléaire) ; de l’autre, il bloque, il cache et il bluffe, pour ne pas se montrer vulnérable.

D’un côté, se trouvent la propagande, les nouvelles technologies militaires comme les missiles et les drones d’attaque qui sont très efficaces, ou les petits bateaux des Pasdaran menaçant Ormuz ainsi que les capacités de certaines unités d’élite, jusqu’aux développements qui auraient pu être réalisés par l’Iran sur le domaine nucléaire «civil». De l’autre, les anciennes structures, à la fois militaires ou non, exposées à l’usure et aux dommages, faciles à attaquer par les ennemis. Pour Téhéran, qui veut se construire l’image de la puissance Perse, la situation est compliquée. Tout en allant au vote présidentiel avec une victoire facile pour un conservateur en voie d’accéder au rôle de guide suprême. Et pendant ce temps, les délégués iraniens négocient avec les puissances mondiales la réintégration des USA dans le JCPOA ; l’accord nucléaire qui est considéré comme un moyen de faire taire les ambitions atomiques de la République islamique.