(Rome, Paris, 25 mai 2021). « Un coup d’État inacceptable » : les dirigeants européens ont « condamné avec la plus grande fermeté l’arrestation du président du Mali et de son Premier ministre », a déclaré mardi Emmanuel Macron à l’issue d’un sommet européen, la France demandant une réunion d’urgence au Conseil de sécurité de l’ONU.
« Nous sommes prêts, dans les prochaines heures, si la situation n’était pas clarifiée, à prendre des sanctions ciblées » contre les protagonistes, a affirmé Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse. L’homme fort du pouvoir malien, le colonel Assimi Goïta, a indiqué mardi avoir déchargé de leurs prérogatives le président et le Premier ministre de transition, coupables selon lui de tentative de « sabotage », dans ce qui s’apparente à un deuxième putsch en neuf mois. « Nous avons condamné avec la plus grande fermeté l’arrestation du président de la transition, de son Premier ministre et de leurs collaborateurs », a rapporté Emmanuel Macron. « Ce qui a été conduit par les militaires putschistes est un coup d’État dans le coup d’État inacceptable, qui appelle notre condamnation immédiate », a dit le président français. Dans une déclaration de reprise en main malgré l’atterrement causé chez les Maliens et la large réprobation internationale, le colonel Goïta a reproché au président Bah N’Daw et au Premier ministre Moctar Ouane d’avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter, bien qu’il soit en charge de la défense et de la sécurité, domaines cruciaux dans le pays sahélien en pleine tourmente.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, quelques minutes avant Emmanuel Macron, indiqué devant l’Assemblée nationale que la France demandait une réunion d’urgence devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Elle « condamne avec la plus grande fermeté ce coup de force », « exige la libération des autorités » et « la reprise immédiate du cours normal de la transition », a déclaré M. Le Drian. Selon lui, « le caractère civil de la transition est une condition sine qua non de la crédibilité du processus de transition et du soutien que les partenaires internationaux peuvent apporter aux autorités maliennes ». « Si d’aventure il n’y avait pas un retour à l’ordre de la transition, nous prendrions des mesures immédiates de ciblage contre les responsables militaires et politiques qui entravent la transition », a averti le ministre français. La Minusma, l’Union africaine (UA), les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont aussi condamné « fermement la tentative de coup de force ». Ils ont rejeté par avance tout fait accompli, y compris une éventuelle démission forcée des dirigeants arrêtés. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé lundi « au calme » au Mali et à la « libération inconditionnelle » de MM. N’Daw et Ouane. Mais quelques semaines plus tôt Paris et Addis-Abeba avaient eu la dent bien moins dure contre la transition militaire tchadienne. De quoi saper leur crédibilité selon Niagale Bagayoko, présidente de l’African Security Secteur Network. « La décision de ne pas condamner l’installation au pouvoir au Tchad du comité militaire contrevient à un certain nombre de principes fondamentaux. Je crains que cette décision n’ait créé un précédent qui laisse entendre qu’en réalité, les instances multilatérales garantes de la démocratie et de l’Etat de droit, ne peuvent pas adopter de position ferme face aux règles qu’elles sont censées défendre. » L’ancien président du Nigeria et médiateur de la Cedeao, Goodluck Jonathan est arrivé mardi soir à Bamako pour entamer des discussions.