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Le piège infernal contre le Hamas

(Rome, 15 mai 2021). L’annonce de l’opération terrestre par les Forces de défense israéliennes n’était pas une erreur. Dans un premier temps, le porte-parole des forces de l’Etat d’Israël a évoqué un malentendu et s’est excusé auprès des médias internationaux. Mais quelques heures après le démenti, l’hypothèse qui prend de l’ampleur, ne s’agissait pas d’un « malentendu », mais d’une tactique de guerre précise.

L’histoire s’est déroulée plus ou moins comme suit. Peu après minuit, les médias internationaux ont presque simultanément affirmé que les troupes de l’armée israélienne étaient entrées dans la bande de Gaza. En fait, la veille, le commandement sud de Tsahal avait présenté des plans d’attaque pour une opération au sol et – bien que l’annonce ressemblait plus à un avertissement qu’à une réelle possibilité d’attaque – beaucoup parlaient de la possibilité au moins d’un raid à grande échelle par des forces spéciales.

Au bout de quelques heures, les sites web et la presse internationale ont modifié la nouvelle. L’annonce de l’invasion terrestre a disparu mais des bombardements des chars à partir du territoire israélien seront annoncés. Une volte-face importante car, bien sûr, cela a complètement changé la situation à la frontière entre concernant les forces en présence (Israël et la bande de Gaza). Mais il semblait assez difficile de croire que des reporters, des journalistes en contact avec l’armée et les commentateurs les plus observateurs auraient commis une erreur en l’interprétant comme une invasion de l’Etat hébreu.

Que s’est-il passé ? Selon les premières informations rapportées par plusieurs journaux israéliens, les correspondants internationaux avaient reçu un message de l’Unité du porte-parole de Tsahal annonçant le début des opérations terrestres. Steve Hendrix, correspondant du Washington Post à Jérusalem, a écrit un billet sur Twitter dans lequel il retrace les moments forts de la nuit et les messages de Tsahal. Selon le correspondant, le message suivant a été envoyé à 00h17 : « Les forces aériennes et terrestres de Tsahal attaquent actuellement la bande de Gaza ». A une heure et demie, une confirmation : «*Déclaration officielle de Tsahal* : Il y a des troupes terrestres à Gaza». A 2h13, le démenti de ce qui précède : « Clarification : actuellement, il n’y a pas de troupes terrestres de Tsahal à l’intérieur de la bande de Gaza ».

Le porte-parole des FDI pour les médias internationaux Jonathan Conricus, a présenté ses excuses aux journalistes étrangers suite à cette erreur et dit qu’il était désolé de les avoir induits en erreur. Mais ce qui s’est passé dans la nuit pourrait ne pas être une erreur. Et les premiers à le rapporter ont été les médias israéliens, en particulier Canale 12, qui, dans un article, parlait explicitement du piège tendu par Tsahal pour anéantir autant que possible les forces du Hasm lors des bombardements qui ont eu lieu dans la nuit sur la bande de Gaza. L’idée est que ce qui s’est passé durant la nuit est loin d’être une erreur, mais plutôt un choix précis des forces israéliennes qui ont ainsi décidé d’utiliser le « brouillard de la guerre » pour inciter les miliciens du Hamas à se réfugier dans les tunnels sous Gaza, le fameux « souterrain ». Les tunnels, ces canaux stratégiques qui permettent aux milices de l’enclave palestinienne de s’approvisionner en armes, de faire passer des matières premières, de déplacer des hommes et de mener toutes ces activités non tolérées par Israël, sont ainsi devenus des pièges plutôt que des armes. Des pièges de feu et de ciment frappés par une pluie de missiles lancés par l’aviation et les drones israéliens. Les bombardements, parmi les plus massifs de ces dernières années, ont duré environ 40 minutes et ont déversé environ 450 bombes sur le sol de Gaza. Une épreuve de force que l’Etat hébreu attend depuis 2014, lorsque, après l’opération «Bordure protectrice», le Hamas a commencé à construire cet inextricable réseau de tunnels qui, pour les commandements de Tsahal, reste le véritable cauchemar de toute opération terrestre.

Lorenzo Vita. (Inside Over)

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