L’offensive d’Israël contre Gaza: 50 bombardements en 40 minutes

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(Rome, 14 mai 2021). Opérations militaires aériennes et terrestres massives pendant la nuit : 150 cibles touchées dans l’enclave palestinienne. L’armée nie une invasion. Netanyahou: Le Hamas paiera un « lourd tribut ». Dimanche, se réunira le Conseil de sécurité de l’ONU

La guerre entre Israël et le Hamas est entrée dans une nouvelle phase avec l’offensive lancée dans la nuit par les forces aériennes et terrestres contre l’enclave palestinienne. Pas une invasion, comme l’a souligné l’armée après « une erreur de communication » sur l’entrée de troupes dans la bande de Gaza, mais d’intenses bombardements d’artillerie et de raids auxquels le mouvement islamique a répondu avec le lancement de plus de 50 roquettes vers les villes côtières d’Ashdod, d’Ashkelon et près de l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Plus de 160 avions ont bombardé 150 cibles du Hamas dans le nord de Gaza au cours la nuit, a déclaré l’armée israélienne, ajoutant que les bombardements nocturnes visaient l’infrastructure souterraine du mouvement de résistance islamique.

Le bilan actualisé à Gaza fait état de 115 morts, dont 27 mineurs et 11 femmes. Les blessés sont au nombre de 600. Il s’agit de la plus grande opération contre Gaza depuis le début de la nouvelle escalade militaire. Israël a effectué 50 «séries» de bombardements terrestres et aériens en 40 minutes, a indiqué l’armée, expliquant que 160 avions, artillerie et infanterie avaient été utilisés dans les attaques. Les milices palestiniennes ont tiré 50 roquettes vers Israël à l’aube. L’armée israélienne a confirmé que ses troupes n’étaient pas entrées dans la bande de Gaza après des informations indiquant le début d’une offensive terrestre. « Il y avait un manque de communication interne », a déclaré le porte-parole militaire Jonathan Conricus, qui a assumé la responsabilité.

L’avertissement de Netanyahou

« J’ai dit que nous ferions payer le Hamas un prix très élevé, nous le faisons et nous continuerons de le faire avec une grande intensité », a assuré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, « le dernier mot n’a pas été dit et cette opération se poursuivra aussi longtemps que nécessaire ». Pour aggraver la situation, un lancement de roquettes a eu lieu depuis le Liban, dirigées vers Israël mais ont finalement atterri dans la mer.

La réunion de l’ONU

La diplomatie, quant à elle, peine à faire entendre sa voix. Une réunion par vidéoconférence du Conseil de sécurité de l’ONU a été convoquée pour dimanche après-midi, qui aurait dû se tenir vendredi, comme l’ont demandé la Tunisie, la Norvège et la Chine. Les États-Unis se sont opposés à cette date, demandant un report à la semaine prochaine « pour donner du temps à la diplomatie ».

L’embarras des États-Unis

Washington semble être dans une position délicate, pris entre le soutien à l’allié israélien et la nécessité de maintenir une position équilibrée pour éviter son isolement. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, a exprimé « sa profonde inquiétude face à la violence dans les rues d’Israël ». « Nous pensons que les Israéliens et les Palestiniens ont un droit égal à la liberté, à la sécurité, à la dignité et à la prospérité », a ajouté le chef de la diplomatie américaine. Le président Joe Biden s’est entretenu avec Netanyahou et a déclaré qu’il avait l’intention d’entendre les dirigeants de la région. Après avoir réitéré son

«soutien indéfectible» au «droit de légitime défense d’Israël», Biden a exprimé l’espoir que cette escalade «puisse cesser dès que possible».

Les combats

Sur le terrain, cependant, les combats semblent s’intensifier, au bout de cinq jours avec le nombre de morts palestiniens dépassant 100 (dont 27 mineurs) et 580 blessés. Une famille entière, dont quatre enfants et une mère enceinte, a été tuée dans un bombardement israélien dans la région de Sheikh Zayed au nord de Gaza, qui a fait au moins 11 morts et 50 blessés, selon l’agence palestinienne Wafa. Jusqu’à présent, le bilan fait état de sept victimes israéliennes où plus de 1.600 roquettes ont été lancées depuis Gaza, auxquelles se sont ajoutés des drones explosifs de technologie iranienne ainsi que les nouvelles roquettes Ayash250 qui auraient une portée de 250 kilomètres.

Les troupes israéliennes à la frontière

Israël a déployé de 3 à 4.000 hommes à la frontière avec la bande de Gaza et a rappelé d’autres réservistes. Les bombardements ont visé la chaîne de commandement et de renseignement du Hamas et du Jihad ainsi que les lanceurs de roquettes meurtrières antichar.

Ensuite, un front potentiellement plus dangereux s’est ouvert, celui des chasses à l’homme et des tentatives de lynchage entre Israéliens et Arabes. Jusqu’à présent, on dénombre 374 arrestations lors des affrontements et des émeutes, souvent fomentées par des militants d’extrême droite et des militants palestiniens. La violence se poursuit dans de nombreuses villes à forte présence arabe telles que Lod, Acre et Haïfa.

À Musmus, près de Haïfa, la police a arrêté 12 résidents pour jets de pierres et dégradations. Deux personnes armées de couteaux ont été arrêtées à Tel Aviv et 13 autres arrestations ont eu lieu à Beer Sheva. À Bat Yam, près de Tel Aviv, une vidéo a été diffusée montrant des extrémistes israéliens attaquant un homme arabe laissé inconscient sur le sol. Son état est grave mais stable, a rapporté l’hôpital Ichilov de Tel Aviv. L’état d’urgence a été déclaré à Lod après des attaques contre une synagogue et des biens de Juifs ainsi que le meurtre d’un Arabe.

L’avertissement américain à ses citoyens

Les États-Unis ont demandé à leurs citoyens de reconsidérer tout voyage en Israël et dans les territoires palestiniens en raison de l’escalade de la violence et des combats dans la région. Le département d’État a fait passer « l’alerte voyage » du niveau deux au niveau trois, ce qui permet précisément de «reconsidérer» les déplacements. «Les protestations et la violence peuvent continuer, certaines sans avertissement», lit-on dans «l’avertissement».

Davide Sarsini. (AGI)