Yémen: le neveu du président Saleh propose un plan de paix

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(Rome, 21 avril 2021). Tareq Mohammed Abdallah Saleh, neveu de feu le président Ali Abdallah Saleh, a proposé un plan pour résoudre la crise yéménite, présentant des points similaire à l’initiative de l’ancien secrétaire d’État américain John Kerry en 2016.

En effet, selon les sources médiatiques à la suite d’une réunion avec l’ambassadeur des Pays-Bas, Peter-Derrek Hof, le plan de Saleh, commandant militaire yéménite et chef des forces nationales de résistance sur la côte ouest, prévoit un cessez-le-feu sur tous les fronts de combat, sous «contrôle international» et l’échange de tous les prisonniers et détenus. Pour l’étape suivante, il serait nécessaire de s’orienter vers deux pistes, à savoir la politique et la sécurité. La première phase implique l’élection d’un président et la formation d’un gouvernement « technocrate », dont la tâche est de conduire le Yémen à travers une période de transition de deux ans. Par la suite, des élections présidentielles, législatives et locales (municipales, ndlr) seraient organisées.

Il s’agit d’un plan similaire à l’initiative de paix proposée par John Kerry le 23 août 2016, qui comprenait également la formation d’un nouveau gouvernement d’unité intérimaire et des opérations simultanées aux niveaux politique et sécuritaire, afin d’assurer une résolution inclusive à long terme. L’exécutif aurait été caractérisé par le partage du pouvoir entre les parties yéménites, tandis que les rebelles se seraient retirés de Sanaa et d’autres régions clés, transférant des armes lourdes et des missiles balistiques à des tiers. Le plan Kerry, cependant, n’a pas été accepté par le gouvernement yéménite légitime et la coalition dirigée par l’Arabie saoudite.

La proposition relancée par le neveu du président déchu est la première, élaborée par un exposant yéménite, qui évoque un conseil présidentiel menant une période de transition, qui devrait être composé de cinq membres, selon les coutumes du Yémen. Cela montrerait le désir de Saleh, un jeune soldat issu d’une famille qui a régné sur le Yémen pendant des décennies, de se réserver une place dans le paysage yéménite d’après-guerre. Pour certains, le commandant est la figure «la plus méritante» pour succéder au défunt président. D’autres, en revanche, remettent en question la capacité de Saleh à gérer à la fois des groupes politiques et militaires dans l’avenir du Yémen, craignant qu’une telle figure, comme ses prédécesseurs, ne soit refusée par le peuple yéménite. De plus, le jeune commandant manque d’expérience politique, alors que ce qui est mis en évidence, c’est qu’il ait combattu aux côtés des milices chiites houthies de 2015 à 2017.

Avant la crise yéménite de 2011, Tareq Saleh était le chef de la garde présidentielle yéménite. Puis, une fois démis de ses fonctions, il est réapparu au déclenchement du conflit civil, à la suite du coup d’État des milices rebelles du 21 septembre 2014, se plaçant à la tête de l’alliance Houthi-Saleh. Lorsque cette coalition s’est effondrée, Tareq Saleh a conduit des troupes fidèles à son oncle, tué le 4 décembre 2017, il a ensuite disparu de la scène yéménite, pour réapparaître en tant que gouverneur de la région de Shabwa au sud, contrôlée par le gouvernement yéménite légitime. Des sources yéménites affirment que l’accord de Stockholm, signé par les belligérants le 13 décembre 2018, a empêché Saleh d’atteindre des zones qui auraient pu apporter d’avantages géopolitiques, notamment Ibb.

Cependant, à ce jour, ce sont les forces du sud qui représentent le principal allié du commandant, bien que l’on ne sache pas exactement quelle est sa position sur la question avancée par les séparatistes du sud. Les analystes estiment que la relation entre Saleh et le Conseil de transition du sud (STC) est fondée sur la position commune contre les Frères musulmans. Dans tous les cas, Tareq Saleh ne semble pas avoir un plan aussi solide et une solution inclusive capable de déterminer l’issue du conflit au Yémen en sa faveur.

Des considérations similaires ont été développées alors que le pays continue d’être témoin d’une violente guerre civile entre les forces pro-gouvernementales, fidèles au président légitime Rabbo Mansour Hadi, et les groupes rebelles chiites Houthi. Les tensions du mois dernier ont incité divers acteurs régionaux et internationaux à se mobiliser pour promouvoir un dialogue qui incite les parties belligérantes, le gouvernement légitime et les rebelles houthis, à trouver une solution au conflit persistant au Yémen. L’Arabie saoudite, a pour sa part, proposé le 22 mars une initiative de paix prévoyant un cessez-le-feu national, à mettre en œuvre sous la supervision des Nations Unies, et la reprise des négociations politiques entre les deux factions en guerre. Les Houthis ont d’abord exprimé des réserves à ce sujet, soulignant que les différentes propositions des six dernières années, n’ont jamais abouti à rien. En outre, le groupe rebelle a déclaré qu’il n’était disposé à négocier que si le siège du Yémen et le blocus maritime et aérien sont levés.

Piera Laurenza. (Sicurezza Internazionale)