(Rome, 14 avril 2021). Panne d’électricité, programme nucléaire retardé « de plusieurs mois ». Téhéran accuse le Mossad: « Crimes contre l’humanité ». Un saboteur identifié. L’UE: « Non aux tentatives de détruire les efforts diplomatiques de dialogue »
Au lendemain de l’inauguration de nouvelles centrifugeuses avancées pour l’enrichissement d’uranium, la centrale nucléaire de Natanz en Iran a été frappée par une panne d’électricité. Selon le chef de l’Organisation de l’énergie atomique, Ali Akbar Salehi, il s’agissait d’une « attaque terroriste » pour laquelle Téhéran « se réserve le droit de prendre des mesures contre les auteurs ». L’Iran a accusé Israël et a promis une «vengeance».
« Les sionistes veulent se venger de nos progrès sur la voie de la levée des sanctions, ils ont déclaré publiquement qu’ils ne le permettraient pas. Mais nous prendrons notre revanche », a averti le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif cité par la télévision d’Etat. Un responsable de l’administration de Téhéran, cité par le Washington Post, a évoqué un « crime contre l’humanité ».
Les autorités iraniennes ont rapporté avoir identifié celui qui a perturbé le flux d’énergie, ce qui a conduit à l’interruption de l’électricité sur le site. « La personne a été identifiée … Les mesures nécessaires ont été prises pour arrêter cette personne qui a provoqué la coupure de courant dans l’un des pavillons du site de Natanz », rapporte le site Nournews, sans donner de détails sur l’auteur.
« Nous rejetons toute tentative de détruire les efforts diplomatiques d’un dialogue sur la question du nucléaire iranien », a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Peter Stano. « Nous devons immédiatement clarifier toutes les circonstances de cet accident », a expliqué Stano qui a rappelé qu’«il n’y a pas d’alternative à la voie diplomatique pour résoudre tous les problèmes concernant l’énergie nucléaire en Iran».
Des sources de renseignement occidentales ont déclaré qu’il s’agissait d’une cyber-attaque, menée par le Mossad israélien, qui a causé « de graves dommages au cœur du programme d’enrichissement » de l’uranium iranien, quelques heures seulement après l’inauguration des centrifugeuses au sein d’une nouvelle partie de l’installation, frappé par une explosion suspecte l’été dernier. A l’époque, les autorités avaient parlé de « sabotage » par des terroristes sans toutefois dévoiler les résultats de l’enquête.
Les médias ont cité des sources anonymes de renseignement selon lesquelles le Mossad a mené avec succès une opération de sabotage sur le site de Natanz, retardant potentiellement l’activité d’enrichissement d’uranium « d’au moins neuf mois ».
Israël n’a pas formellement commenté l’incident: le site d’enrichissement d’uranium de Natanz, en grande partie souterrain, est l’une des nombreuses usines iraniennes surveillées par des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Des sources du renseignement américain citées par le New York Times évoquent le rôle des services israéliens. Selon le journal, le programme d’enrichissement d’uranium a peut-être été retardé d’au moins neuf mois en raison d’une grande explosion qui a complètement détruit le système d’alimentation interne indépendant, et super protégé, qui alimente les centrifugeuses souterraines.
En Israël, pour la première fois depuis février, le cabinet de sécurité de haut niveau se réunira la semaine prochaine, au cours de la réunion, la récente escalade des tensions avec la République islamique d’Iran sera probablement discutée. La réunion a été demandée par le ministre de la Défense Benny Gantz et le procureur général Avichai Mandelblit.
« La lutte contre l’Iran, ses métastases et son attirail est une grande tâche, la situation d’aujourd’hui ne sera pas forcément celle de demain », a commenté le Premier ministre Benyamin Netanyahu lors d’un toast avec les dirigeants de la sécurité. Soulignant le rôle du pouvoir non seulement « régional », mais « d’une certaine manière aussi globale » de l’Etat hébreu.
Le chef du Pentagone, Lloyd Austin, lors d’une visite dans le pays du Moyen-Orient dimanche, premier représentant de haut niveau de la nouvelle administration américaine, a réitéré l’engagement « fort et durable » de Washington envers Israël et s’emploiera à maintenir son « avantage militaire qualitatif » dans la région.
De son côté, l’homologue israélien a confirmé l’étroite collaboration avec les Etats-Unis, pour protéger le pays et faire en sorte qu’un nouvel accord nucléaire avec l’Iran ne menace pas Israël, « évitant ainsi une dangereuse course aux armements dans notre région ».
Ces derniers jours, pour la première fois, des pourparlers indirects ont eu lieu entre les États-Unis et l’Iran à Vienne lors de la réunion de la Commission conjointe du JCPOA, l’accord nucléaire international signé en 2015, pour tenter de sauver l’accord après le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 par l’administration de Donald Trump et le désengagement ultérieur de Téhéran de ses obligations.
La nouvelle administration américaine a déclaré qu’elle était prête à revenir sur l’accord mais demande à Téhéran de s’engager à nouveau à respecter ses termes, tandis que l’Iran exige d’abord la levée de toutes les sanctions américaines.