Entouré de ses alliés potentiels, les ultraorthodoxes et l’extrême droite, Benyamin Netanyahu sourit avec un air malicieux et confie : « Avec de tels alliés, je vais finir par être considéré comme un gauchiste ! »
Un propos qui figure sur le dessin publié par le caricaturiste israélien Michel Kichka à la veille des élections ; les quatrièmes en deux ans ! Un record historique pour le pays. En effet, le bloc « pro-Bibi » est plus à droite que jamais, mais d’après les sondages il n’aurait pas la majorité de 61 députés pour former une coalition. Ce quatrième tour a donc un air de déjà-vu car il oppose une fois de plus les pro et les anti-Netanyahu et ne semble pas dessiner une majorité claire de gouvernement.
Car si les partis contre le Premier ministre l’emportent numériquement, leur association ne serait pas politiquement viable. Cependant, ce vote est aussi très différent des précédents scrutins pour des raisons internes et externes.
Sur le plan interne, trois nouveautés majeures. D’abord, le parti Bleu-Blanc dirigé par Benny Gantz, principal parti face au Likoud lors des élections de 2020, risque de disparaître purement et simplement de la Knesseth. Ensuite, Benyamin Netanyahu est désormais concurrencé à droite par Naftali Bennet, à la tête de Yamina, et Guideon Saar, qui a quitté le Likoud pour créer Nouvel Espoir.
Enfin, pour la première fois, le rejet de Netanyahu s’est traduit dans un mouvement de contestation. Pendant 38 semaines, des milliers d’Israéliens ont manifesté tous les samedis soir devant les résidences publique et privée du Premier ministre pour lui hurler : «Pars !» Ce dernier samedi, ils étaient 50.000 à Jérusalem. « Du jamais vu depuis que l’on a commencé ! » remarque Avi, 54 ans, venu en famille de Holon à côté de Tel-Aviv. Une manifestation bon enfant sans un seul discours, qui depuis le départ réunit des individus et non des partis politiques. L’ambiance était celle d’une fête foraine avec tambours et cornemuses ! Convaincu que « ce mouvement a provoqué ces élections », Avi croit que le vote de mardi « apportera un changement ».
Le succès des vaccinations
Deux autres éléments sont à prendre en compte. Donald Trump n’est plus là pour donner un coup de pouce à Benyamin Netanyahu comme il l’a fait lors des trois précédents scrutins. En revanche, le Premier ministre israélien bénéficie du succès de la vaccination. Ainsi, à la veille des élections, près de 90 % de la population vaccinable a reçu au moins une dose. Et tous les indices de la pandémie sont à la baisse en dépit de la réouverture massive du pays. Le taux de reproduction du virus est à 0,62 et les vaccinodromes commencent à fermer.
Cette réussite dans laquelle Benyamin Netanyahu a joué un rôle important, est son meilleur atout. Dans un récent entretien à la télévision israélienne, Albert Bourla, le PDG de Pfizer, s’est dit « impressionné par l’obsession du Premier ministre […] Il m’a appelé 30 fois, y compris à 3 h du matin ! » Des propos largement repris par la campagne du Likoud, sous la bannière du « Retour à la vie ». (Les Echos)