La crise au Liban. Un pays au bord de la faillite

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(Rome, Paris, 20 mars 2021). Inflation, récession économique et impasse politique. La crise libanaise est susceptible de s’aggraver ces prochains mois. La stratégie de la communauté internationale.

C’est la crise au Liban, la pire depuis la guerre civile de 1975-1990. Alors que la classe politique se bat pour la formation d’un nouveau gouvernement depuis sept mois, le système économique et financier du pays est en danger de s’effondrer.

Il n’y a pas de cadre opérationnel capable de mener des réformes et de garantir le fonctionnement des services les plus élémentaires. Les principaux partis sont bloqués dans des négociations interminables. Le président Michel Aoun et le premier ministre en charge Saad Hariri s’accusent mutuellement de l’impasse.

L’aggravation de la situation a été l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 et les mesures restrictives pour la pandémie. Cette situation a provoqué une vague de manifestations, qui dénoncent les dirigeants pour corruption et incompétence.

Le site Internet suisse SWI indique que la livre libanaise, qui avait un taux de change fixe depuis 1997 par rapport au dollar de 1.507 livres, a perdu 90% de sa valeur sur le marché noir. Mardi, elle avait atteint un niveau record, le plus bas de l’histoire: 15.000 livres contre un dollar. La dévaluation de la monnaie locale a déclenché une inflation très élevée, qui se reflète dans le pouvoir d’achat de la population.

Selon les experts et les banques étrangères, les réserves de la banque centrale libanaise devraient être de l’ordre de 2 milliards de dollars, ce qui suffirait pour seulement six mois d’importations. Les indices de cette année prévoient une baisse économique d’environ 6% avec l’effondrement du PIB de 25% par rapport à l’année dernière. Les autorités indiquent que l’inflation est de 148%, tandis que d’autres analystes indépendants du gouvernement affirment qu’elle dépasse en fait 250% et prévoient une accélération de 400%.

Pendant ce temps, chaque semaine un secteur professionnel ou un syndicat appelle à la grève ou à la protestation. Le ministre de l’Intérieur a confirmé l’aggravation de la sécurité, avec l’augmentation inquiétante de la criminalité, tandis que le ministre de l’Énergie, Raymond Ghajar, a annoncé un éventuel black-out total à la fin du mois; pas de devise (le dollar en particulier) dans les caisses de l’Etat pour acheter du carburant afin d’alimenter les centrales électriques locales. Le Liban a assuré l’expédition de 500.000 tonnes de carburant depuis l’Irak, mais il en faut le double pour ne pas laisser le pays dans l’obscurité. Même le Commandant en chef de l’armée, (le Général) Joseph Aoun, s’est plaint des coupes budgétaires.

Que faire pour éviter l’effondrement ? La communauté internationale, conduite par la France, conditionne le déblocage de l’aide financière à la formation d’un gouvernement technique qui met en œuvre une série de réformes structurelles. D’ores et déjà, le rééchelonnement de la dette de 90 milliards de dollars serait alors possible.

En 2020, le Liban avait entamé une table de négociation avec le Fonds monétaire international (FMI), sans issus ni résultat positif. La semaine dernière, le Parlement libanais a entamé des discussions sur le prêt de la Banque mondiale d’environ 246 millions de dollars.

Rossana Miranda. (Formiche)