(Rome, 19 mars 2021). Le pape François ne serait pas trop heureux si Marine Le Pen remportait les prochaines élections présidentielles françaises de 2022. Il fallait s’y attendre, mais les déclarations arrivées ces derniers jours du Pontife argentin ont clarifié un concept déjà assumé: Bergoglio n’est pas un partisan des nationalistes, qu’il perçoit avant tout comme de sains porteurs de la restauration du nationalisme du XXe siècle. Pour l’ancien archevêque de Buenos Aires (Le Souverain pontife, ndlr): un danger pour l’équilibre pacifique de tout l’Occident et au-delà.
En ces heures, une sorte d’échange au vitriol est arrivé entre Le Pen et Le Pape François. Une comparaison née aussi du fait des statistiques proposées par les sondages, qui donnent à Marine Le Pen un potentiel favori pour triompher dans la course à l’Elysée face à Emmanuel Macron. Les instituts de sondage, comme expliqué dans une analyse approfondie, donnent de l’espoir aux lepénistes, né d’un cadre politique très complexe et du double scrutin, qui finit généralement par favoriser le candidat opposé à Le Pen, du fait de l’alliance compacte de tous les électeurs qui estiment non présentable ou presque impossible, par rapport au contexte institutionnel
L’ombre de la pandémie sur les gouvernements
Que le courant actuel du Vatican n’aimait pas la souveraineté est clair depuis un certain temps: les élections américaines tenues en 2020, avec le soutien clair des évêques américains à Joe Biden dans une démarche anti-Trump, n’étaient pas un indice, mais la suite naturelle d’une attitude que les milieux ecclésiastiques ont choisie pendant toute la durée de la présidence trumpiste et républicaine. Malgré la crise générale du populisme, cependant, l’air en France change.
Des sources plus harmonieuses parlent également à «Inside Over» combien de Français se convainquent de la réelle possibilité que Marine Le Pen puisse entrer à l’Elysée. Si tel était le cas, la gestion de la pandémie d’Emmanuel Macron aurait aidé. Et tout porte à croire que de nombreux cadres seront appelés à répondre du caractère exceptionnel de certains choix opérés dans cette période historique. Trump, par exemple, aurait pu et aurait dû payer les effets indirects de sa gestion de la pandémie en termes politico-électoraux. Ceux qui n’ont pas exercé de responsabilités gouvernementales jusqu’à présent peuvent être favorisés. Mais ce n’est qu’une des explications utiles pour comprendre pourquoi il y a tant d’optimisme autour du Rassemblement national.
Le bras de fer Le Pen-(Pape) Bergoglio
L’histoire est née – comme l’a retracée l’agence ANSA – lorsque l’hebdomadaire Obs a cité une phrase que le pape François aurait prononcée: «Je m’inquiète de la montée des populismes. L’antidote est un mouvement populaire, et d’écouter ce mouvement. Le popularisme doit être opposé au populisme». Et (Le Souverain) Bergoglio aurait pris cette attitude en parlant de la situation politique transalpine et en se référant à Le Pen. Peu de temps après, la chef du RN a répondu en nature, arguant que le Pape devrait se limiter à traiter avec l’Église. À ce stade du discours, il convient de souligner le caractère séculier de l’engagement de Le Pen, qui s’est toujours distinguée pour être souveraine, mais pas pour la vie comme Trump ou comme de nombreux représentants du conservatisme occidental.
Après la défaite électorale de Donald Tump, une victoire de Marine Le Pen représenterait un revers incroyable et inattendu du souverainisme ou du populisme, selon les catégorisations utilisées. De son côté, une partie de l’Église catholique française, n’a pas bien réagi aux différentes fermetures opérées (des Eglises, ndlr) aux célébrations liturgiques pendant la pandémie. Le tableau de départ est très similaire à celui des États-Unis de 2016, avec des divisions prononcées et un candidat outsider – mais pas trop – convaincu qu’il peut devenir majoritaire. «Un ami m’a dit: « En France, nous aurons Marine Le Pen à la présidence ». Je ne veux pas être désagréable ou dire à votre pays quoi faire. Mais c’est inquiétant», se serait exclamé l’évêque de Rome. Une brèche souveraine dans une Europe qui, du moins jusqu’à présent, a résisté à l’avènement de ce que le Saint-Siège considère que l’extrémisme susciterait des «inquiétudes» dans les palais sacrés.
Francesco Boezi. (Inside Over)