(Rome, 10 mars 2021). Malgré Covid, le Premier ministre israélien fera demain son premier voyage depuis l’établissement des relations diplomatiques formelles avec le pays du Golfe, après les accords abrahamiques, attestant un moment très délicat.
Comment les relations entre Israël et les Emirats Arabes Unis se rééquilibront-elles en termes d’influences dans la macro-zone après les accords abrahamiques ? Quelle est la nature de la visite éclair que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu effectuera demain aux Émirats arabes unis ? La rencontre avec le prince Mohammed Bin Zayed, qui tombe à la veille des élections israéliennes (prévues le 23 mars), pourrait-elle représenter le test décisif pour de nouveaux scénarios qui affectent l’énergie, la géopolitique et les alliances ?
RENCONTRE
Il s’agit du premier voyage dans le pays du Golfe depuis l’établissement de relations diplomatiques formelles, après les accords abrahamiques. Il a été reporté à plusieurs reprises en raison de la pandémie (novembre, décembre, janvier) mais finalement Netanyahu l’a accéléré, le qualifiant « d’une grande importance pour la sécurité nationale et internationale ». Malgré la pandémie, le Premier ministre israélien n’a pas voulu annuler le voyage, même s’il a été écourté (de trois jours à trois heures).
Les accords conduisent, comme on le sait, à la rupture de facto de la thèse selon laquelle aucune normalisation des relations avec Israël ne pourrait avoir lieu sauf après un accord de paix global avec les Palestiniens. Seuls les Palestiniens ont émis des critiques sur ces accords: l’Autorité palestinienne les a toujours qualifiés de « coup dur pour le consensus arabe », même si Trump et des membres du gouvernement israélien ont par la suite assuré que d’autres pays de la région envisageaient de les signer, comme l’ont fait le Maroc et le Soudan.
En outre, il y a quelques jours, le président israélien Reuven Rivlin a officiellement reçu le premier ambassadeur en Israël des Émirats arabes unis, Mohammad Mahmoud Al Khajah, qui a ensuite rencontré le ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi, affichant une voie diplomatique en cours. Al Khajah a également rencontré Zvi Heifetz, l’envoyé spécial d’Israël auprès des États du Golfe et a ouvert un compte Twitter qui publie des messages en anglais et en hébreu.
L’IRAN
La manière dont les nouvelles relations affecteront le dossier iranien et énergétique est un point crucial. On discute beaucoup de l’importance de la participation des pays de la région à toute négociation sur le dossier nucléaire iranien, pour soutenir la sécurité et la stabilité dans la région. Il y a quelques jours, le prince héritier de Bahreïn, Salman bin Hamad Al Khalifa, en a parlé avec le Premier ministre israélien, affirmant que les négociations avec Téhéran devraient « inclure des questions plus larges ». Les paroles d’Al Khalifa sont les premières concernant le retour des États-Unis aux négociations nucléaires avec l’Iran.
D’une part, existe le doute des cheikhs du golfe Persique, qui restent sceptiques sur les intentions iraniennes. De l’autre, ils ont révélé, pas trop discrètement, qu’ils ne seraient en faveur d’un accord que s’il incluait des limites sur les activités non nucléaires de l’Iran, y compris le développement de missiles et le soutien aux groupes rebelles. Au milieu, se trouve le rapport Netanyahu-Biden, qui aura son propre poids spécifique : Jérusalem et Washington entameront dans les prochains jours des discussions stratégiques sur l’Iran basées sur les renseignements iraniens (en leur possession, ndlr) et sur sa puissance nucléaire. L’objectif est de s’entendre sur un dialogue fructueux et constructif, pour éviter une divergence sur la politique américaine en Iran. Pour cette raison, tout porte à croire que le pool iranien, mis en place pour la première fois sous l’administration Obama, sera relancé et sera dirigé par des conseillers à la sécurité nationale des deux pays, à savoir les Israéliens Meir Ben-Shabbat et Jake Sullivan de Washington.
ENERGIE
Les relations entre Israël et les Émirats arabes unis enregistrent une nouveauté en ce qui concerne le dossier énergétique, pour transporter le pétrole brut de la mer Rouge vers la Méditerranée. L’Europe Asia Pipeline Company (Eapc), société d’État israélienne, et le Med-Red Land Bridge, basé aux Émirats arabes unis, ont signé un accord historique. Les entreprises ont l’intention d’utiliser l’oléoduc Eilat-Ashkelon pour acheminer du pétrole de la mer Rouge vers la Méditerranée. L’Egypte risquerait donc d’être la perdante de cette opération.
Bien que le Caire entretienne de bonnes relations avec Israël et avec les Émirats arabes unis, l’accord pourrait le priver des revenues procurés par le transit via le canal de Suez. Les pipelines peuvent transporter 400.000 barils par jour vers Eilat et 1,2 million de barils vers Ashkelon.
Francesco De Palo. (Formiche)