«Je suis honoré de rencontrer une Église martyre»: le Saint-Père s’exprime dans un message-vidéo rendu public ce jeudi 4 mars, alors qu’il s’apprête à passer trois jours sur la terre d’Abraham. Le Pape fait part de sa compassion aux habitants éprouvés par des années de guerre, et les encourage à marcher «ensemble sur les chemins de la paix». «Je viens comme un pèlerin, un pèlerin pénitent», un «pèlerin de la paix», un «pèlerin de l’espérance»: c’est ainsi que le Pape François envisage son déplacement en Irak, où il atterrira demain, vendredi 5 mars, pour un voyage apostolique dense et historique qui s’achèvera lundi.
Dans ce long message vidéo, le Saint-Père s’adresse avec affection aux Irakiens qu’il «désire tellement» rencontrer. Il remercie particulièrement les chrétiens pour le témoignage de leur foi en Jésus «au milieu d’épreuve très dures» et salue la mémoire des martyrs. Il cite aussi les «Yézidis qui ont tellement, tellement souffert», exhortant tous les habitants de ce pays multiconfessionnel à «renforcer la fraternité, à construire ensemble un avenir de paix». Plusieurs souhaits animent le Souverain Pontife concernant ce déplacement, le premier hors d’Italie depuis 2019: «prier ensemble», «implorer du Seigneur le pardon et la réconciliation après des années de guerre et de terrorisme», «demander la consolation des cœurs et la guérison des blessures».
François ponctue son message de références au patriarche Abraham, «qui réunit, dans une unique famille, musulmans, juifs et chrétiens». Celui qui fut appelé il y a des millénaires à quitter la Mésopotamie, en plaçant toute sa confiance en Dieu, est aujourd’hui un exemple pour continuer de «marcher dans l’espérance et ne jamais cesser de regarder les étoiles».
Voici l’intégralité du message du Pape François aux Irakiens:
Chers frères et sœurs en Irak, assalam lakum! [paix à vous!]
Dans peu de jours je serai enfin parmi vous ! Je désire tellement vous rencontrer, voir vos visages, et visiter votre terre, antique et extraordinaire berceau de civilisation. Je viens comme un pèlerin, comme un pèlerin pénitent, pour implorer du Seigneur le pardon et la réconciliation après des années de guerre et de terrorisme, pour demander la consolation des cœurs et la guérison des blessures. Et je vous rejoins comme un pèlerin de paix, pour répéter: «Vous êtes tous frères» (Mt 23,8). Oui, je viens comme un pèlerin de paix en recherche de fraternité, animé par le désir de prier ensemble et de cheminer ensemble, aussi avec les frères et les sœurs d’autres traditions religieuses, sous le signe du père Abraham, qui réunit, dans une unique famille, musulmans, juifs et chrétiens.
Chers frères et sœurs chrétiens, qui avez témoigné de la foi en Jésus au milieu d’épreuves très dures, j’attends avec impatience de vous voir. Je suis honoré de rencontrer une Église martyre: merci pour votre témoignage. Que les nombreux, trop nombreux martyrs que vous avez connus nous aident à persévérer dans la force humble de l’amour. Vous avez encore dans les yeux les images de maisons détruites et d’églises profanées, et, dans le cœur, les blessures des relations affectives brisées et des maisons abandonnées. Je voudrais vous apporter la caresse affectueuse de toute l’Église, qui est proche de vous et du Moyen-Orient martyrisé, et je vous encourage à aller de l’avant. Les terribles souffrances que vous avez éprouvées, et qui me causent tellement de douleur, ne permettons pas qu’elles prévalent. Ne cédons pas à la propagation du mal : les antiques sources de sagesse de vos terres nous dirigent ailleurs, pour faire comme Abraham qui, bien qu’il ait tout quitté, n’a jamais perdu l’espérance (cf. Rm 4, 18) ; et en se confiant à Dieu, il a donné naissance à une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. Chers frères et sœurs, regardons les étoiles. Voilà notre promesse.
Chers frères et sœurs, j’ai beaucoup pensé à vous pendant ces années, à vous qui avez tant souffert mais qui n’êtes pas tombés. À vous, chrétiens, musulmans, à vous, peuples comme les Yézidis, les Yézidis qui ont tellement, tellement souffert: vous êtes tous frères, vous tous.
Je viens maintenant sur votre terre bénie et blessée comme un pèlerin de l’espérance. Chez vous, à Ninive, a résonné la prophétie de Jonas, qui a empêché la destruction et a apporté une nouvelle espérance, l’espérance de Dieu. Laissons-nous prendre par cette contagion de l’espérance, qui nous encourage à reconstruire et à recommencer. Et en ces temps difficiles de pandémie, aidons-nous les uns les autres à renforcer la fraternité, à construire ensemble un avenir de paix. Ensemble. Frères et sœurs de toutes les traditions religieuses.
C’est à partir de chez vous, il y a des millénaires, qu’Abraham a commencé son voyage. Aujourd’hui, il nous appartient de le poursuivre, dans le même esprit, en marchant ensemble sur les chemins de la paix! C’est pourquoi j’invoque sur vous tous la paix et la bénédiction du Très-Haut. Et je vous demande à tous de faire la même chose qu’Abraham: marcher dans l’espérance et ne jamais cesser de regarder les étoiles. Et je vous demande à tous de m’accompagner dans la prière. Chukran ! [Merci !]. (Vatican News)