Un Français emprisonné illégalement en Iran

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Benjamin*, 35 ans, a été arrêté il y a 9 mois dans le nord-est de la République islamique, où il faisait du tourisme, selon son avocat iranien.

C’est une nouvelle qui ne va pas arranger les relations franco-iraniennes, déjà passablement tendues par la crise sur le dossier du nucléaire. Un citoyen français est détenu en Iran depuis neuf mois, a-t-on appris mercredi dans un tweet de son avocat. « Ce jeune touriste, détenu illégalement depuis environ neuf mois, fait face à des accusations contradictoires et fausses », écrit Saeid Dehghan sur Twitter. « Les avocats n’ont pas été autorisés à accéder au contenu de l’affaire pendant cette période », ajoute-t-il.

Prénommé Benjamin* et âgé de 35 ans, ce ressortissant français a été arrêté en mai 2020 alors qu’il se trouvait en République islamique pour effectuer le tour du pays en van. Il a été appréhendé par les forces de sécurité iraniennes dans une zone désertique située à la frontière entre l’Iran et le Turkménistan. Tout d’abord détenu pendant plusieurs mois dans le village de Kouchan, il a ensuite été transféré dans la prison Vakilabad de Machhad, dans le nord-est du pays. « Il est en bonne santé et a pu s’entretenir à trois reprises avec sa famille au téléphone, explique un proche au « Point ». Il était en vacances en Iran depuis plusieurs mois et demeure détenu illégalement puisque les autorités n’ont pas fourni le moindre dossier ni la moindre explication sur sa détention. »

Le quotidien Le Figaro a annoncé vendredi, au détour d’un article, qu’un citoyen franco-iranien avait été récemment arrêté en Iran pour usage de drone dans le désert. Il apparaît, selon toute vraisemblance, qu’il s’agit de la même personne et qu’elle ne possède que la nationalité française. Dans un communiqué transmis jeudi après-midi à l’agence de presse Reuters, le ministère français des Affaires étrangères a fait savoir que ses services, à Téhéran comme à Paris, suivaient avec attention la situation du touriste français détenu en Iran. Le Quai d’Orsay a précisé que des visites consulaires lui avaient été rendues, malgré la situation sanitaire, et que des contacts réguliers étaient maintenus avec lui par l’ambassade de France à Téhéran et avec sa famille par les services du ministère à Paris.

Une chercheuse française toujours détenue

L’Iran détient également une autre ressortissante française, la chercheuse Fariba Adelkhah, qui dispose également du passeport iranien. Condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale » et « propagande contre le système » politique de la République islamique, elle a été libérée de la prison d’Evin de Téhéran le 3 octobre 2020 et demeure depuis assignée à résidence à son domicile de la capitale iranienne, sous contrôle d’un bracelet électronique.

Le sort de ces deux ressortissants français détenus en Iran paraît lié à celui d’Assadollah Assadi, un diplomate iranien de l’ambassade de la République islamique à Vienne, condamné le 4 février dernier à vingt ans de prison par un tribunal belge pour « tentatives d’assassinat à caractère terroriste » et « participation aux activités d’un groupe terroriste ». Considéré comme un agent des services iraniens du renseignement agissant sous couverture diplomatique, cet homme de 49 ans avait projeté en 2018 un attentat en France contre un rassemblement des Moudjahidines du peuple, l’un des principaux groupes d’opposition à la République islamique.

Diplomate-espion iranien

Sa condamnation à la peine maximale, en l’absence du principal accusé, a provoqué la colère de Téhéran, qui estime qu’elle n’est « pas légitime en raison de l’immunité diplomatique » dont il est censé bénéficier. Bruxelles estime au contraire que l’agent iranien, arrêté alors qu’il se trouvait en vacances en Allemagne, n’était donc pas en mission officielle et ne bénéficiait pas, à ce titre, de protection diplomatique. Preuve de la sensibilité de cette affaire, qui dépasse le simple cadre judiciaire, le diplomate-espion iranien a menacé lors de son interrogatoire les autorités belges de représailles de la part de groupes non identifiés s’il venait à être condamné, selon un document de la police belge révélé par l’agence de presse Reuters.

La République islamique s’est fait une spécialité de monnayer les détenus occidentaux sur son sol en échange de ressortissants iraniens emprisonnés à l’étranger. Le chercheur français Roland Marchal a été ainsi libéré par la justice iranienne en mars 2020, en même temps que la France a relâché Jalal Rohollahnejad, un ingénieur iranien qui était détenu à Nice pour avoir contourné, selon Washington, les sanctions américaines contre Téhéran et dont les États-Unis réclamaient l’extradition.

*Son nom de famille a été gardé secret sur demande de la famille.

(Le Point)