Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a annoncé avoir trouvé avec l’Iran une « solution temporaire » de trois mois pour maintenir une surveillance « satisfaisante ». Les inspections seront toutefois limitées à compter de mardi. L’Iran, lui, s’est félicité des discussions. « L’accès sera réduit, ne nous voilons pas la face, mais nous serons en mesure de maintenir le degré nécessaire de surveillance et de vérification », a déclaré Rafael Grossi lors d’un rapide point presse dimanche soir. « Cela sauve la situation dans l’immédiat », a-t-il ajouté. Selon les termes de cet « accord bilatéral technique », le nombre d’inspecteurs sur place reste ainsi inchangé et l’AIEA pourra procéder à des inspections inopinées. Mais la loi iranienne, qui prévoit de restreindre certaines inspections, y compris sur des sites militaires suspects, si les sanctions américaines ne sont pas levées, « existe et va être appliquée » à partir du 23 février, a regretté Rafael Grossi. « Nous estimons que l’heure est grave mais l’AEIA continue de servir la communauté internationale », a-t-il souligné. « Bien sûr, pour parvenir à une situation stable, il faudra une négociation politique, et ce n’est pas de mon ressort ».
« L’Iran et l’AIEA ont eu des discussions fructueuses fondées sur le respect mutuel », avait tweeté un peu plus tôt Kazem Gharibabadi, l’ambassadeur d’Iran auprès de l’AIEA, « gendarme » nucléaire de l’ONU. Plus tôt dans la journée, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif avait indiqué qu’il évoquerait avec le chef de l’AIEA la mise en œuvre de la loi iranienne, qui vise à restreindre certaines inspections de l’AIEA.
Mais, selon Zarif, la loi n’aboutirait pas à une « impasse » dans la collaboration entre l’Iran et l’AIEA. Et Rafael Grossi pourra « s’acquitter de ses obligations de montrer que le programme nucléaire iranien reste pacifique ». Mohammad Javad Zarif a précisé que cette loi votée en décembre par le Parlement obligeait son gouvernement à « ne pas fournir les enregistrements » des caméras de surveillance installées sur les sites à l’AIEA. Dans un geste à l’égard de l’Iran, les Etats-Unis ont accepté jeudi une invitation des Européens à participer à des pourparlers pour relancer l’accord de 2015. Mais le lendemain, Joe Biden a appelé les puissances européennes à travailler de concert avec les Etats-Unis pour répondre aux « activités déstabilisatrices » de l’Iran au Moyen-Orient.
Dans ce contexte diplomatique complexe et alors que l’Iran et les Etats-Unis n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980, Abbas Araghchi, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, a indiqué que l’Iran examinait la proposition de l’UE pour une « réunion informelle ». Selon Araghchi, « les inspections seront réduites d’environ 20 à 30% après la mise en œuvre de la loi ». « Cela ne signifie certainement pas un retrait de l’accord » de 2015. (Agences)