(Rome le 16 février 2021). L’expérience de Fayez Al Sarraj à la tête de la Libye semble avoir pris fin définitivement. En fait, depuis quelques heures, tous ses pouvoirs ont été transférés à son adjoint, Ahmed Maitig. Un passage qui a eu lieu à Rome, où selon l’Agence Nova, le Premier ministre est hospitalisé après avoir subi une chirurgie délicate. Ainsi s’est terminée une ère qui a commencé en 2016, au lendemain des accords de Skhirat. En réalité, Al Sarraj voulait depuis longtemps sortir du scénario libyen enchevêtré. En octobre, il avait déjà annoncé son intention de démissionner et ces derniers mois, il a été signalé plus souvent à Londres, où vit sa famille, qu’à Tripoli.
Le départ de la scène d’un architecte prêté à la politique
Plusieurs fois, Al Sarraj a été donné au plus près de la chute. De plus, il n’a presque jamais bénéficié de sa propre sphère d’influence politique. Tout comme il a rarement pu revendiquer le contrôle du territoire au-delà de la cour du palais présidentiel. Lui, architecte de profession, a été choisi précisément parce qu’il était presque inconnu. C’était une garantie des nombreux intérêts en jeu à Tripoli et dans le reste du pays. Cependant, Al Sarraj a rapidement semblé être un premier ministre faible à la merci de la tempête jamais apprivoisée au sein de l’échiquier libyen. Son installation a eu lieu à l’intérieur d’une base navale, précisément parce que certaines milices de Tripoli avaient pris les armes avant même son arrivée dans la capitale. Pourtant, l’architecte a réussi à rester en selle. Plus pour des convergences incroyables et presque tragi-comiques, que pour sa propre profondeur politique. Quand, par exemple, début 2019 on parlait déjà d’un nouveau Premier ministre en raison d’éventuels accords avec l’est de la Libye, contrôlée par le général Khalifa Haftar, Al Sarraj s’imaginait peut-être déjà loin du chaudron politique. Au contraire, l’attaque de Tripoli menée par l’homme fort de Cyrénaïque en avril de cette année-là a de nouveau rassemblé toutes les positions des différentes milices de la Tripolitaine derrière l’architecte prêté à la politique. Pour le premier ministre, cela signifiait rester dans son rôle les années suivantes mais peut-être aussi le début d’une nouvelle agonie humaine surtout que depuis ce moment, Al Sarraj est resté presque l’otage de ceux qui, « les bras sur les épaules », contrôlaient la capitale et tout l’ouest de la Libye. Après les accords de cessez-le-feu négociés par l’ONU l’automne dernier, les priorités du Premier ministre ont été de savoir comment sortir de la situation. Un objectif non atteint en octobre, lorsqu’il a annoncé sa démission pour la première fois. Ces derniers jours, le forum de dialogue sur la Libye a nommé un nouveau Premier ministre et un nouveau conseil présidentiel.
Pour Al Sarraj, c’est le moment de dire adieu à Tripoli pour de bon. Il s’agit d’un « projet » accéléré, cependant, uniquement par des problèmes de santé. Lui, qui s’est rendu à Rome beaucoup plus de fois que celles qui ont été officiellement rapportées ces cinq dernières années, s’est envolé pour l’Italie pour y subir une intervention délicate. Depuis la Libye, on parle d’une tumeur, mais il y a des réserves sur son état de santé actuel. On sait seulement que depuis la salle d’une clinique romaine, il a signé les papiers pour sa vraie sortie de scène. Tout est désormais entre les mains de son adjoint, Ahmed Maitig.
Les pouvoirs à un homme très proche de l’Italie
Entrepreneur hors pair et nom d’un certain poids en Tripolitaine, Maitig a désormais officiellement la charge de gérer une phase de transition délicate. Ces derniers jours, son compatriote Abdul Hamid Mohammed Dbeibeh a été désigné comme nouveau premier ministre. Mais pour lui, les inconnues ne manquent pas: il faut comprendre si, et quand il réussira à gagner la confiance du parlement et à former un nouveau gouvernement. Il semble que sa nomination ainsi que celle du ne s’est pas déroulée sans « anicroche ». Dans un contexte délicat comme celui de la Libye, chaque friction pourrait dégénérer en tensions nouvelles et plus graves. En bref, les accords négociés par l’ONU dans le cadre du forum de dialogue pourraient représenter un tournant, mais aussi un élément déclencheur de nouveaux affrontements.
Pendant ce temps, à Tripoli, les papiers seront signés par Maitig. Pour l’Italie, c’est une bonne nouvelle. L’adjoint d’Al Sarraj auquel ses fonctions sont allées, a toujours été considéré comme proche de notre pays: il parle très bien l’italien, il connaît les édifices romains et a souvent été consulté par notre diplomatie dans le passé. Une opportunité non négligeable, d’autant plus que l’Italie est de retour sur le dossier libyen ces dernières semaines, même si plus pour des facteuratts externes que pour des mérites politiques. Tout le monde à Tripoli n’a pas digéré l’alliance avec la Turquie, d’où la recherche d’une diversification des relations impliquant Rome également. Ce n’est pas un hasard si Al Sarraj a rencontré l’ancien premier ministre Giuseppe Conte au Palazzo Chigi (le siège de la présidence du Conseil des ministres) le 8 janvier. Notre pays pourrait donc exploiter cette piste, en attendant de comprendre comment la situation libyenne va réellement évoluer dans les semaines à venir.
Mauro Indelicato. (Inside Over)