(Rome, Paris le 17 février 2021). La Syrie a confirmé mercredi les informations faisant état d’un accord d’échange de prisonniers avec Israël, négocié par la Russie. « Sky News arabic » cite l’agence de presse officielle syrienne « SANA » selon laquelle « Damas travaille actuellement pour la libération de deux citoyens syriens originaires du Golan occupé, en échange d’une citoyenne israélienne entrée en Syrie par erreur ». « Dans le cadre de la volonté de l’État syrien de libérer ses citoyens des camps de détention de l’occupation israélienne par tous les moyens possibles, des démarches sont en cours pour libérer les citoyens syriens des prisons de l’occupation israélienne », souligne SANA. Et d’ajouter que « le processus d’échange se déroule actuellement par le biais d’une médiation russe pour libérer les Syriens Nihal Al-Maqt et Diab Kahmuz, originaires du Golan syrien occupé ». L’agence officielle a indiqué que la libération d’Al-Maqt et de Kahmuz vient en échange de « la libération d’une jeune fille israélienne qui est entrée par erreur en territoire syriens dans la région de Quneitra, et a été arrêtée par les autorités syriennes compétentes ».
L’officialisation de cet échange de prisonniers intervient quelques semaines après les révélations sur « la disposition de Bachar al-Assad à se rapprocher d’Israël en contrepartie d’une aide israélienne en vue de réhabiliter son régime sur la scène internationale, et son retour à la Ligue arabe ». Lors d’une réunion tenue début janvier dernier à la base russe de Hmaïmim entre des officiers syriens, israéliens et russes, les Syriens – dont le général Ali Mamlouk – auraient demandé la médiation israélienne auprès des monarchies du Golfe qui ont récemment normalisé avec l’Etat hébreu, afin qu’elles financent le régime syrien et lui permettre de solder ses dettes envers l’Iran. Ce qui lui permettrait de rompre son alliance avec Téhéran ». Mais aucun pays arabe n’est disposé à accorder sa confiance à Assad. Selon un ancien diplomate, « depuis les années 1970, le régime syrien nous a extorqué des fonds sans jamais honorer ses engagements. De plus, la présence massive iranienne en Syrie, militaire, économique, sociale et idéologique, ne laisse aucune marge de manœuvre à Assad. Il lui est impossible de tourner le dos aux Iraniens. Sa tentative vise à gagner du temps ». Un opposant à Assad ironise ainsi en affirmant que « le régime mange l’appât, pisse sur l’hameçon et fait un bras d’honneur au pêcheur ».
Reste à savoir quelle serait la réaction de l’Iran et du Hezbollah, qui ont énormément investi en Syrie en hommes, en argent et en matériel, pour sauver Assad et le maintenir au pouvoir, si celui-ci entamait effectivement un rapprochement avec Israël? Le laisseraient-ils faire ou s’attaqueraient-ils aux Russes, qui cautionnent ce rapprochement? Les Iraniens accusent en effet l’armée russe de ne pas réagir aux violents raids israéliens contre leurs positions. Après tout, pour beaucoup de Syriens, les Russes sont des occupants, au même titre que les Iraniens, les Turques et les Américains. Personne n’ose imaginer le scénario qui attend le pays le jour où les intérêts russes et iraniens divergent.