Liban: le secrétaire général du Mouvement du Futur appelle à la libération de Baabda du CPL

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(Rome le 16 février 2021). Lors d’une interview sur la chaine al-Hurra à l’occasion du 16e anniversaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le secrétaire général du mouvement du Futur, Ahmad Hariri, a souligné que «le défunt n’était pas issu d’une famille politique traditionnelle, mais il était plutôt un visionnaire qui a, comme tous les libanais, souffert afin de sauver le pays de la crise». Ahmad Hariri a défendu le travail réalisé par Rafic Hariri, tout en reconnaissant quelques «reproches» notamment concernant l’équilibre régional du développement et la reconstruction du Liban post-Taëf. Il considère que «pour la première fois, l’accord de Taëf est effectivement mis en œuvre pour la formation du gouvernement par le Premier ministre désigné Saad Hariri».

Les tirs nourris d’Ahmad Hariri ont atteint le Président de la République. En effet, Hariri a appelé à «la libération du palais (présidentiel) de Baabda du Courant Patriotique Libre (CPL)», le mouvement hérité et présidé par le député Gebran Bassil, notant que «le président de la République Michel Aoun est le premier obstacle à la formation du gouvernement», regrettant que Aoun soit l’otage du CPL: «il était triste de constater comment le CPL place Aoun et l’enfonce», a-t-il souligné. Pour lui, «Saad Hariri a commis une erreur en contribuant à l’élection de Michel Aoun à la présidence de la République» et qu’il était temps que «les députés chrétiens des Forces Libanaises et du parti Kataëb réclament sa démission pour que le Mouvement du Futur les appuie».

Et Hariri d’ajouter que «le Liban vu par le Hezbollah n’est pas le Liban pour lequel le Mouvement du Futur aspire», notant que «le pays, en ce qui concerne le Hezbollah, est une carte entre les mains de l’Iran. Du point de vue du Mouvement du Futur, le Liban doit être une carte entre les mains des Libanais et doit revenir à sa mission naturelle et faire partie de l’ensemble des pays proches qui lui ressemblent».

Hariri a estimé dans son interview que «le gouvernement sera bientôt formé, et les tournées de Saad Hariri (à l’étranger, NDLR) ont prouvé que tout le monde est prêt à aider le Liban, à condition que le pays se dote d’un gouvernement de mission». Saad Hariri souhaite former un gouvernement de 18 ministres spécialistes, qui ne reçoivent pas d’ordres de leur parti respectif, et sans attribuer un tiers bloquant à qui que ce soit. Or, un tel gouvernement est rejeté par le CPL pour l’instant, et Ahmad Hariri espère que «des événements graves ne viennent forcer la classe politique à devoir s’entendre».

Justement, concernant les événements graves, Ahmad Hariri a évoqué les troubles qui ont secoué Tripoli et les saccages des biens publics. Pour lui, «il y a un lien de cause à effet entre les révélations concernant l’implication du régime syrien dans le trafic de nitrate d’ammonium à travers le port de Beyrouth, donc une implication dans l’explosion apocalyptique du 04 août, et les tentatives de déstabilisation de Tripoli pour détourner les regards et occulter la responsabilité de Damas dans la catastrophe, d’une part, et pour justifier une nouvelle ingérence syrienne au Liban, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. D’où la multiplication des mises en garde contre la résurgence de cellules djihadistes dormantes lancées notamment par les médias liés au Hezbollah. Ahmad Hariri affirme ne pas disposer d’informations quant à la menace terroriste, mais reconnait que le terrorisme prospère quand le développement social et économique régresse. Or, en l’absence d’un gouvernement de mission et de redressement, la situation se dégradera et poussera les modérés à quitter le Liban. Près de 269.000 chrétiens ont déjà émigré et si ce phénomène se poursuit, les musulmans modérés seront contraints de les imiter, laissant le pays aux forces obscurantistes».

(L’interview en arabe sur Al-Hurra)