Mission de l’OMS en Chine, première étape à l’hôpital «zéro» de Wuhan

1
550

(Rome le 30 janvier 2021). Des experts internationaux de l’OMS ont lancé des enquêtes à Wuhan sur l’origine de la pandémie, avec la première visite à l’hôpital où les premiers cas connus de Covid-19 ont été admis.

Après la quarantaine de 14 jours prévue à l’entrée en Chine, l’équipe d’experts a rencontré le personnel médical et paramédical et a fait part de ses premières impressions. La visite a été « extrêmement importante », a commenté sur Twitter le scientifique Peter Daszak, qui précise qu’il avait eu une « discussion franche » sur les détails du travail effectué par le personnel de l’établissement auprès des premiers patients atteints de pneumonie anormale qui prendra plus tard le nom Covid-19.

Au cours de la journée, il y avait également un espace pour rencontrer des responsables chinois et des collègues de scientifiques internationaux: « Première rencontre en face à face avec nos collègues », a écrit la scientifique Marion Koopmans de l’équipe de l’OMS sur Twitter, qui fait également référence à un « Dr. Wannian », peut-être l’épidémiologiste Liang Wannian, de l’équipe d’experts qui a dirigé la réponse de la Chine à l’épidémie.

Le programme des experts de l’OMS pendant les 14 jours de leur séjour en Chine comprendra des escales dans d’autres hôpitaux, laboratoires et marchés. L’agenda, rapporte l’OMS, comprendra également des visites au marché de Huanan, fermé à partir du 1er janvier 2020, auquel est liée la première flambée d’infections, et à l’Institut de virologie de Wuhan, au centre de la polémique entre la Chine et les États-Unis en mai dernier, en raison de la suspicion selon laquelle le coronavirus aurait pu quitter le laboratoire où la virologue « chauve-souris » Shi Zhengli mène ses études sur les chauves-souris.

Les investigations se concentrent sur les deux principaux axes liés aux animaux – à partir desquels le virus aurait atteint des espèces – et aux humains, mais le calendrier de sa propagation reste opaque. La mission a été précédée d’une longue négociation avec l’agence de santé des Nations Unies et d’autres obstacles, qui ont ensuite été résolus, et ont irrité le secrétaire général de l’OMS lui-même, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le voyage des scientifiques internationaux s’est également accompagné de controverses, notamment avec les États-Unis: jeudi, la Chine a averti les États-Unis de ne pas politiser la pandémie, après que la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a demandé à des experts de l’OMS arrivés à Wuhan d’«aller loin» dans la recherche sur la propagation du virus.

Les enquêtes de l’OMS à Wuhan sont politiquement très sensibles pour la Chine, qui a clairement indiqué hier de les considérer comme « faisant partie d’une étude mondiale et non d’une enquête ». Dans tous les cas, la recherche devra également envisager d’autres pays, pour Pékin, qui cite souvent des études sur la base desquelles des cas de Covid-19 se sont produits à l’étranger en même temps que l’épidémie de Wuhan, voire avant.

La Chine a souvent été soupçonnée d’avoir mal géré la phase initiale de l’épidémie et de concentrer son attention sur la réponse à la propagation du virus. Depuis Pékin, les soupçons selon lesquels le virus aurait pu provenir ailleurs, et être par la suite entré en Chine, par exemple via des importations de produits surgelés, ont été repris à plusieurs reprises, mais pas seulement: les derniers doutes soulevés par la Chine concernent la fermeture du laboratoire militaire de Fort Detrick, aux Etats-Unis, en juillet 2019.

Pour le moment, « toutes les hypothèses sont sur la table », est la position de l’OMS. Mais la mission est aussi un cas test dans la relation avec l’agence onusienne: hier, lors d’une conversation téléphonique entre le directeur de la Commission nationale chinoise de la santé Ma Xiaowei, le secrétaire général de l’OMS a remercié la Chine pour la « discussion franche » sur l’origine de la pandémie, soulignant qu’il avait demandé à l’équipe des scientifiques qui est arrivée à Wuhan « un soutien, un accès aux données et la possibilité d’interagir pleinement avec ses homologues chinois ».

(AGI)

(Photo-SIPA/AGF/AGI)