Missiles et drones: c’est ainsi que l’Iran et la Corée du Nord accueillent Joe Biden

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(Rome 18 janvier 2021). Une semaine de spectacles militaires menés par l’Iran et la Corée du Nord, avec des exercices de missiles balistiques, des inaugurations de bases souterraines et des défilés de fête avec des sous-marins. C’est le message de bienvenue de Téhéran et de Pyongyang pour Joe Biden, prêt à retourner à la Maison Blanche.

Missiles, drones kamikazes et bases souterraines. C’est le spectacle militaire de l’Iran et de la Corée du Nord, mis en scène en moins d’une semaine entre exercices, défilés et messages adressés, avant tout, à Joe Biden, prêt à revenir en tant que président à la Maison Blanche. Dans les documents stratégiques des États-Unis, Téhéran et Pyongyang restent en tête de la liste des plus grands défis pour la sécurité américaine, juste derrière la concurrence générale avec la Russie et la Chine.

DES MISSILES …

Vendredi dernier, le site officiel du Pasdaran iranien faisait état du test de missiles de «diverses catégories» qui quittaient le centre de l’Iran contre des «ennemis hypothétiques» situés au nord de l’océan Indien. Les porte-avions auraient atteint leurs cibles à une distance de 1.800 kilomètres, sous les yeux attentifs de tous les chefs des gardiens de la révolution, à commencer par le chef Hossein Salami, flanqué dans les vidéos officielles du chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri. « Nous ne voulons mener aucune attaque », a précisé ce dernier, tout en indiquant que les systèmes sont prêts à frapper ceux qui ont de « mauvaises intentions ». Les tests ont eu lieu lors de l’exercice «Great Prophet 15», le troisième de la tournée de trois semaines après celui dans le golfe d’Oman et les tests de drones au début du mois. Des aéronefs télé-pilotés et un nouveau système balistique sol-sol ont également participé.

… ET DES DRONES

Quant aux drones, une attaque en essaim contre un système de défense antimissile a été organisée. Les manœuvres de l’avion télé-piloté ont été filmées par la télévision nationale à travers des scènes fragmentées. Dans l’un, nous voyons le vol en formation de quatre drones en forme triangulaire; une autre montre des avions s’écraser sur des «bases de missiles hypothétiques». Tout cela aurait eu lieu dans le désert central de la base. Selon les experts, les drones en question pourraient avoir été les protagonistes de l’attaque, en septembre 2019, contre les plus importantes infrastructures pétrolières d’Arabie saoudite.

LA BASE SOUTERRAINE DES PASDARANS

Les exercices de vendredi s’accompagnent de l’inauguration d’une nouvelle base de missiles souterraine par les Pasdaran. Elle serait située dans la province d’Hormozgan, près du détroit d’Ormuz, et est opérationnelle depuis trois mois. Les dirigeants des Gardiens de la Révolution et de la Défense iranienne étaient présents pour l’occasion dans un défilé similaire à celui de novembre le long d’une infrastructure souterraine pour missiles balistiques située dans un lieu secret (avec une nouvelle capacité de lancements multiples). Dans les deux cas, ce sont des capacités à vérifier, fonctionnelles en tout cas à l’image que l’Iran veut se donner. Ce n’est pas un hasard si le jour de l’inauguration de la base, les mots sur le thème du Guide suprême iranien Ali Khamenei sont également prononcés: «en ce qui concerne l’appel de certains pays occidentaux pour la conclusion des programmes de missiles et de défense de l’Iran, je tiens à souligner que personne dans le système iranien n’est autorisé à mettre fin aux programmes de défense du pays». Des mots adressés avant tout à Joe Biden, qui reprendra le dossier dans deux jours.

REPRENDRE LE DIALOGUE ?

Selon les rumeurs de la presse israélienne (cliquer ici), le président élu serait prêt à reprendre le dialogue avec l’Iran, à réintégrer l’accord JCPOA et à essayer de l’étendre également aux vecteurs balistiques. Signé en 2015, l’accord (dont Donald Trump a fait sortir les États-Unis en 2018) concernait le programme nucléaire et les taux d’enrichissement d’uranium, pas les missiles. En revanche, la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU de 2015 est dédiée aux vecteurs, qui « invite » cependant (et n’oblige pas comme la précédente 1929 de 2010) l’Iran à suspendre toutes ses activités sur les missiles balistiques. Cela a laissé une large place aux ambitions balistiques de Téhéran, qui a pu facilement déplacer sur les vecteurs. C’est pourquoi l’Iran fait preuve de souplesse et ne semble pas pressé de relancer le JCPOA, visant d’abord la levée des sanctions.

LES MISSILES DE PYONGYANG

Mais pour Biden, le dossier iranien s’ajoute au dossier nord-coréen, donc un retour à une logique plus affirmée, est attendu. Le président élu a vivement critiqué l’attitude amicale de Trump envers Kim Yong Un, qualifiant ce dernier de « voyou ». Jeudi, à l’issue des célébrations de la fête du Travail, le dirigeant nord-coréen a assisté à un impressionnant défilé nocturne conclu sur la place centrale de Pyongyang, du nom de son grand-père. Pleins feux sur de nouveaux systèmes d’armes pour un arsenal déjà complet: un nouveau missile balistique à lancement sous-marin à deux étages, considéré comme la dernière version du porte-avions Pugguksong déjà testé; nouveaux missiles balistiques à courte portée, chargés par paires sur un système de lancement mobile, plus gros que le KN-24 déjà dévoilé, série de transporteurs avec un design similaire à l’Iskander russe.

LE SIGNAL

Comme d’habitude, les révélations sur les systèmes ont suscité des inquiétudes en Corée du Sud et au Japon, dont les ministères de la Défense ont fait savoir qu’ils travaillaient déjà à comprendre le véritable statut des capacités de Pyongyang. Des inquiétudes qui viendront à Joe Biden, dont la politique étrangère ne peut être dissociée d’un examen plus approfondi des dynamiques asiatiques. Entre autres, déjà en octobre, lors d’un autre défilé, la Corée du Nord avait montré un nouveau missile balistique à lancement sous-marin et, surtout, un nouvel ICBM (Inter Continental Ballistic Missile, ndlr), une fusée de 26 mètres portée par un véhicule à onze roues.

Stefano Pioppi. (Les Fourmis)