L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

Iran: anniversaire de la mort du général Qassem Soleimani. Vengeance ou raison ?

(Rome 02 janvier 2021). Le 3 janvier 2020, le général Qassem Soleimani a été assassiné, sur ordre du président américain Donald Trump, en même temps que le chef des forces chiites en Irak, Abou Mahdi al-Mouhandis. La cible a été touchée à la sortie de l’aéroport de Bagdad, revenant sur un vol civil de Damas.

La réaction de l’Iran a été immédiate en lançant des missiles sur deux cibles américaines en Irak. Un an après la mort du chef des forces al-Qods, la question est toujours de savoir si l’action a été considérée et évaluée, ou trop téméraire. Le meurtre de Soleimani a accentué le niveau de colère des populations chiites contre les États-Unis.

La Maison Blanche, dans un message envoyé au Congrès, a justifié l’action en disant que la décision avait été prise « en réponse à une série d’attaques au cours des mois précédents par l’Iran et ses milices du Moyen-Orient contre les États-Unis et ses intérêts économiques et politiques ». La Maison Blanche a ainsi nié les paroles du président Trump immédiatement après l’acte selon lesquelle la décision avait été prise, car le Soleimani était sur le point de mener une attaque insaisissable immédiate contre une cible diplomatique américaine.

Un an après l’action, de nombreuses agences se demandent si, le jour de l’anniversaire, l’Iran et ses milices loyales mèneront des attaques de démonstration contre des cibles américaines et israéliennes. La philosophie perse ne serait pas celle de mener une guerre mais celle de défendre les peuples, en particulier les chiites, de l’oppression. Telles seraient les raisons qui ont conduit Téhéran à nouer des relations avec le Hezbollah, les Palestiniens, les Syriens fidèles à Assad, les Houthis du Yémen et toutes les autres populations qui croient en l’aide de l’Iran. Agir maintenant contre les États-Unis et Israël serait très contre-productif. Aux États-Unis, le président sortant n’a plus de pouvoirs, mais il pourrait encore ordonner une action militaire si le peuple américain était menacé.

Le nouveau président Biden a récemment exprimé des concepts d’ouverture quant aux sanctions unilatérales imposées par Trump. Il semblerait que Biden, suivant les traces d’Obama, pourrait reprendre le traité JCPOA en cherchant une médiation pour bloquer les projets nucléaires iraniens et qui pourrait apporter des avantages à toutes les nations du golfe Persique.

En Israël, le gouvernement n’a pas tenu bon et devra revenir, pour la quatrième fois, à de nouvelles élections. Israël vient de déclarer, par l’intermédiaire de Benny Gantz, qu’il possède le meilleur système de défense aérienne et antimissile de la planète. Le projet, baptisé «Momentum», aurait intégré une gamme de systèmes capables de couvrir l’espace aérien de très basse à haute altitude, capables de détecter les menaces de missiles et, surtout, le plus perfide des drones. Encore une fois, les forces armées israéliennes sont hautement préparées et capables de frapper, tous les intérêts iraniens au Moyen-Orient, si elles sont menacées. Il n’y aurait donc aucune condition politique pour pouvoir entreprendre une action militaire contre les États-Unis et Israël.

La philosophie iranienne conseillerait de ne pas donner l’opportunité à ceux qui ont été considérés comme des faucons (Trump et Netanyahu et, surtout à ce dernier, pour ne pas lui faire focaliser sa campagne électorale contre la «menace de l’Iran») mais d’attendre de meilleurs moments pour se reconnecter des relations avec les nouveaux acteurs politiques. Il en va de même pour les milices liées à Téhéran. La raison les oblige également à être prudents et patients.

Les différentes milices telles que: Hezbollah, Brigade al-Qassam et les autres du Hamas, Kataïb Hezbollah, l’Organisation Badr, Assa’ib Ahl Al-Haq, Harakat Hezbollah al-Nujaba’, Rab’Allah (un nouveau groupe de milices chiites en Irak, ndlr) et d’autres non moins mineurs, seraient prêtes à lancer de nombreux missiles, aux attaques et autres événements pour venger Soleimani, mais les Forces al-Qods, sur la recommandation de leur chef Esamil Qa’ani, pousseraient à la raison.

Certes, il y aura de nombreuses célébrations au Moyen-Orient pour se souvenir de Soleimani et al-Muhandis, les drapeaux américains et israéliens seront brûlés, mais cela fera partie de la démonstration de la proximité du peuple chiite avec la politique iranienne, qui est de plus en plus forte et de plus en plus payante. De nombreuses villes du Moyen-Orient, de Beyrouth à Bukamal, de Gaza, à Deir ez-Zor, à Bagdad, à Nassirya sont déjà couvertes d’affiches géantes des deux martyrs. La participation pourrait être impressionnante et à ne pas sous-estimer. Soleimani a été déclaré par Khamenei un «martyr vivant» et pour l’Iran, il incarne les valeurs du pays, représente le courage et l’esprit de résistance.

Si, avec sa mort, on pensait faire plier la volonté des forces al-Qods, réduire leur capacité militaire et leur soutien aux factions chiites du Moyen-Orient et menacer l’Iran dans sa politique expansionniste, peut-être que l’objectif n’a pas été atteint. Le martyr est plus fort que jamais tout comme la crédibilité de l’Iran, à moins qu’il y ait de faux pas dans les prochaines heures.

Francesco Ippoliti *. (Report Difesa)

* Général de brigade (Ris)

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème