(Rome 23 décembre 2020). Alors que l’Allemagne confirme qu’elle est contre tout embargo sur les armes à l’encontre de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan fléchit ses muscles avec trois mouvements qui montrent la valeur de la stratégie turque.
D’une part, le ministère de la Défense a annoncé le début des exercices aériens et navals «Tiger Claw 2020», «Tiger Claw», dans les eaux chaudes de la Méditerranée orientale. Eaux, où juste dans la soirée du 22, un autre Navtex est arrivé, qui prévient le début des recherches sismiques par les navires Oruç Reis, Ataman et Cengiz Han, jusqu’en juin 2021. Une période extrêmement longue pour une zone limitée qui, si pour certains sont un signe d’ouverture en vue des négociations à venir, pour d’autres, c’est le signe qu’Ankara considère désormais cette zone de la mer Égée et de la Méditerranée orientale comme une sorte de « zone neutre ».
D’autre part, le Parlement a ratifié ce que l’exécutif a proposé il y a deux semaines, à savoir le séjour de l’armée turque en Libye pendant 18 mois supplémentaires. La motion, qui est le fruit de l’accord de coopération signé entre la Turquie et le gouvernement d’accord national l’année dernière, est basée sur la justification formelle que l’armée nationale libyenne dirigée par Khalifa Haftar peut reprendre le siège contre les forces liées à Tripoli. Une motivation qui sert clairement de point d’appui juridique et stratégique pour un mouvement qui indique simplement la poursuite d’une manœuvre qui a commencé il y a longtemps, et qui permet à Erdogan de confirmer sa présence en Libye à la fois par ses propres forces armées et par ses mandataires et milices arrivant également de Syrie.
L’année 2020 s’achève donc par la consolidation des deux piliers qui ont caractérisé l’année d’Erdogan en Méditerranée. Et depuis les eaux levantines jusqu’à la Tripolitaine, la stratégie turque impose son rythme, confirmant la volonté absolue d’Ankara de ne pas céder face aux protestations européennes et américaines. Des manifestations qui se sont ensuite matérialisées en sanctions faibles mais capables de raviver la propagande gouvernementale. Cela a également pu bénéficier d’un exercice qui revêt des caractéristiques décidément importantes en termes de moyens utilisés.
Comme le rapporte l’agence Anadolu, l’exercice, sur lequel le ministre de la Défense Hulusi Akar est également revenu lors d’une conférence à la base navale d’Aksaz, sert notamment à mettre en œuvre une coordination et des capacités tactiques pour le contrôle de l’espace aérien et pour la possibilité d’opérations conjointes. A tel point que des hommes et des moyens de l’armée de l’air (21 avions et un hélicoptère), de la marine (3 navires) sont impliqués jusqu’à l’utilisation de drones, arme de plus en plus utilisée par la Turquie dans les scénarios de guerre dans lesquels elle est impliquée. En ce sens, les manœuvres rappellent comment Ankara se déplace en ce moment d’une seule voix, démontrant également la nécessité d’une coordination totale des différentes forces impliquées dans les conflits où la République turque est non seulement impliquée, mais directement protagoniste. Un signal qui devrait arriver haut et fort à Bruxelles, du côté de l’OTAN et du côté de l’Union européenne, étant donné que la pression politique contre Ankara, jusqu’à présent, n’a pas arrêté les plans d’Erdogan pour une renaissance de son pays comme un commutateur des règles du jeu régional.
La confirmation de l’engagement militaire à Tripoli combinée au fait d’avoir déjà préparé des recherches en Méditerranée orientale, non loin de Kastellorizo formellement jusqu’au milieu de 2021, montre clairement que la Turquie n’a aucun intérêt immédiat à céder au mur grec ou au sanctions américaines et européennes. Tisser un réseau méditerranéen que peu de membres de l’UE comprennent vraiment.
Lorenzo Vita. (Inside Over)