Donald Trump a frappé jeudi un nouveau coup diplomatique en annonçant que le Maroc allait normaliser ses relations avec Israël, comme l’ont déjà fait récemment trois autres pays arabes, et que les Etats-Unis reconnaissaient la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. « Une autre avancée HISTORIQUE aujourd’hui ! », a écrit sur Twitter le président américain. « Nos deux GRANDS amis, Israël et le Royaume du Maroc, ont accepté de normaliser complètement leurs relations diplomatiques – un grand pas en avant pour la paix au Moyen-Orient ! ». Rabat a confirmé un peu plus tard la reprise prochaine de ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu. Lors d’un entretien téléphonique avec M. Trump, le roi du Maroc Mohammed VI a indiqué que son pays allait « reprendre les contacts officiels (…) et les relations diplomatiques dans les meilleurs délais » avec Israël, selon un communiqué du Palais royal. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a également salué un accord « historique », évoquant la mise en place sous peu de « vols directs » entre les deux pays. Le Maroc et Israël avaient déjà ouvert dans les années 1990 des bureaux de liaison à Rabat et à Tel-Aviv, jusqu’à leur fermeture au début des années 2000. Bahreïn et les Emirats arabes unis ont déjà accepté ces derniers mois de normaliser leurs relations avec Israël, dans le cadre des accords dits d’Abraham, menés par la Maison Blanche représentée par Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump. Le Soudan a également donné son accord de principe pour faire de même, et selon Jared Kushner, la reconnaissance d’Israël par l’Arabie saoudite est « inéluctable ». Jusqu’à présent, le Maroc affichait une position constante sur le règlement du conflit israélo-palestinien, se disant pour une solution à deux Etats avec Jérusalem-Est « comme capitale » de l’Etat auquel aspirent les Palestiniens et contre la politique de colonisation d’Israël dans les Territoires palestiniens occupés. Le roi du Maroc préside le « Comité Al-Qods » (Jérusalem en arabe), créé par l’Organisation de la coopération islamique pour œuvrer à la préservation du patrimoine religieux, culturel et urbanistique de la Ville sainte. La visite du pape François en mars 2019 avait été l’occasion pour lui de réaffirmer sa volonté de « préserver » Jérusalem comme « lieu de rencontre et symbole de coexistence pacifique ».
La question de la normalisation des relations entre Rabat et Israël avait été relancée en février dernier à l’occasion d’une visite officielle au Maroc du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. A l’époque, des médias israéliens assuraient que Rabat serait prêt à faire un geste en contrepartie d’un soutien américain à la position du Maroc sur le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que se disputent les Marocains et les indépendantistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie. Donald Trump, qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier, a ainsi annoncé dans le même temps sur Twitter qu’il avait signé jeudi une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. « La proposition sérieuse, crédible et réaliste du Maroc sur le plan d’autonomie est la seule base pour une solution juste et pérenne afin d’assurer paix et prospérité ! », a-t-il écrit. « Le Maroc a reconnu les Etats-Unis en 1777. Il est donc approprié que nous reconnaissions leur souveraineté sur le Sahara occidental », a-t-il ajouté. Mohamed VI a de son côté salué une « prise de position historique » des Etats-Unis. Rabat, qui contrôle les trois quarts de ce territoire désertique de 266.000 km2, propose une autonomie sous sa souveraineté, alors que le Polisario réclame depuis des années un référendum d’autodétermination, prévu par un accord de 1991. Les négociations impliquant le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sont au point mort depuis mars 2019. La situation est très tendue au Sahara occidental depuis la rupture du cessez-le-feu en place depuis 1991 par les indépendantistes, après une opération militaire surprise marocaine dans une zone-tampon de l’extrême sud du territoire. L’ONU, qui a déployé une mission de paix au Sahara occidental, a indiqué que la décision américaine ne changeait pas sa position, à savoir tenter d’organiser un référendum d’autodétermination. (Le point)