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France-Turquie: Boycott des produits français, quel impact pour les entreprises françaises

Dans le conflit larvé qui l’oppose à Emmanuel Macron, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a appelé au boycott des produits français.

Le débat français sur la liberté d’expression déteint sur le Proche-Orient. Après le Koweït et le Qatar, c’est en Turquie que les appels au boycott des produits français se multiplient. A commencer par le président turc Recep Tayyip Erdogan qui exhorte ses concitoyens à ne pas acheter de produits français, pour protester contre les caricatures de Charlie Hebdo. Un boycott, « pour le moment assez localisé », selon le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, interrogé ce lundi sur RMC.

En réalité, les exportations françaises vers la Turquie ne sont pas au beau fixe. Selon le dernier bilan commercial rédigé par la Chambre de commerce et d’industrie en Turquie, elles ont ainsi diminué de 0,7% en 2019 après une baisse de 11,9% en 2018 et 4,5% en 2017. L’année dernière, la Turquie n’était que le 14ème client de la France. Cela s’explique à la fois par la dépréciation de la lire turque, qui favorise les exportations vers la France, et par les difficultés économiques du pays qui réduisent la taille des marchés.

L’Aéronautique loin devant

En 2019, le principal poste d’exportations françaises vers la Turquie était l’aéronautique pour une valeur totale de 490 millions d’euros, un chiffre qui était déjà en baisse de 23,6% et qui devrait aussi fondre en 2020 compte tenu des difficultés du secteur aérien. Suivent le poste des produits sidérurgiques (455 millions d’euros, +21,2%) et celui des « accessoires pour véhicules automobiles » (420 millions d’euros, -7,2%). Des produits difficiles à boycotter pour les consommateurs turcs…

Ces derniers devront, en réalité, s’ils répondent à l’appel au boycott devoir se passer des produits emblématiques français: les fromages industriels de Bel, comme la Vache qui rit ou les shampoings distribués par L’Oréal ou Garnier ou encore les rasoirs BIC. Difficile de connaitre les parts de marché que le pays représente puisque les marques ne communiquent pas dessus. Tout juste sait-on que la Turquie est généralement un marché en croissance pour les marques françaises. Du moins jusqu’à l’arrivée du coronavirus.

Reste les automobiles françaises qui ont connu de belle performances ces derniers mois: Peugeot et Citroën font ainsi partie des plus gros importateurs de véhicules dans le pays. De son côté, Renault était le deuxième constructeur le plus vendu dans le pays derrière Fiat, en septembre dernier. Sauf que la plupart des véhicules sont fabriqués dans le pays.

Des produits turcs… d’entreprises françaises

C’est d’ailleurs la limite de cet appel au boycott. Au-delà des produits estampillés France, de nombreux biens de consommation turcs sont distribués par des groupes Français. La Turquie représente, par exemple, un marché important pour Danone grâce à ses marques locales d’eau minérale Hayat et Sirma. Mais boycotter ces bouteilles reviendrait finalement à se priver de produits turcs. De la même façon, la marque de produits laitiers Içim, dans le top 3 national, est détenue par le géant français Lactalis, avec un lait 100% turc… Dans le secteur des produits laitiers, le choix d’une production locale plutôt que des importations de France est d’ailleurs évident: il représentait 4 millions d’euros en 2017 pour finalement tomber à 1,5 million d’euros l’année dernière. (BFMTV)

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