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Liban: le président Aoun réitère sa détermination à réformer l’Etat. En aura-t-il le temps et les moyens ?

(Rome 21 octobre 2020). Le président libanais Michel Aoun s’est exprimé ce mercredi en réaffirmant sa volonté de poursuivre les réformes nécessaires en respectant les dispositifs constitutionnels, s’en prenant également à ceux qui ont précédemment dirigé le Pays. Dans son intervention, Aoun confirme qu’il allait continuer d’assumer ses responsabilités dans les processus de désignation du président du Conseil mais aussi de la formation du gouvernement, adressant ainsi son message à peine voilé au leader du mouvement «le Futur» Saad Hariri, qui est l’unique candidat au poste de Premier ministre. Ce dernier, semble assuré d’obtenir la majorité des voix pour être désigné demain et former le prochain cabinet, sauf retournement de dernière minute de la situation et un éventuel nouveau report des consultations.

« J’ai dit ce que j’avais à dire et je ne tournerai pas le dos », a dit le président libanais, faisant allusion au dicton local qui exprime notamment : « Il a dit son dernier mot puis a tourné le dos »…

« Celui qui sera désigné et chargé de former ce gouvernement pourra-t-il résoudre les problèmes de corruption et lancer le chantier des réformes ? », a-t-il dit, soulignant qu’il était « de la responsabilité des députés » de s’assurer de cela. « Au nom du peuple libanais, vous êtes responsables du contrôle parlementaire. Messieurs les députés, vous êtes invités aujourd’hui à faire preuve de conscience nationale et à prendre toutes vos responsabilités ». Et d’ajouter : « Mon mandat se poursuit et j’espère que vous réfléchirez sérieusement aux conséquences de la désignation d’un Premier ministre sur la formation (du prochain cabinet) et sur les projets de réformes et les initiatives internationales lancées pour sauver le pays ». « J’ai dit ce que j’avais à dire et je ne tournerai pas le dos, a-t-il encore martelé. Je continuerai d’assumer mes responsabilités dans les processus de désignation du président du Conseil mais aussi de formation du gouvernement ». Il a ensuite dénoncé les intérêts personnels de cette classe politique (!), estimant que le Liban a atteint un point où la corruption est devenue institutionnelle. Où est donc le plan de restructuration du secteur de l’électricité « gardé dans les tiroirs depuis 2010 » sans approbation ou mise en place en dépit de leur insistance, où est le plan de sauvetage (du premier ministre Hassan Diab) pour sauver l’économie libanaise ou encore pour faire face aux répercussions de l’explosion du port de Beyrouth ? Où sont les projets de barrages hydrauliques alors que nous ressources en eau continuent à s’épuiser dans les rivières et la mer ? Et sur ce dossier, Aoun n’a pas rappelé que le ministère de l’Energie est dirigé depuis 2008 par des ministres issus du bloc parlementaire aouniste, le CPL, (un mouvement crée par le même Général Aoun, puis hérité et présidé par son gendre le député Gebran Bassil).

« Je continuerai à porter les responsabilités dans la désignation et la formation (du prochain gouvernement) et dans toute position constitutionnelle face à ceux qui empêchent notre peuple à mener les réformes et à construire un état », a-t-il ajouté.
Il s’est également interrogé sur l’absence d’un système de sécurité sociale et d’une pension de retraite, malgré une proposition de loi déposée à cet effet devant le Parlement. Mettant en garde contre une levée des subventions sur les produits de premières nécessités, il a déploré l’absence d’un plan économique et le retard dans la mise en œuvre des réformes permettant de recevoir les aides financières prévues par la Conférence CEDRE. « Où en sommes-nous des plans de développement des différents secteurs ? Où en sommes-nous des programmes d’investissement ? », a-t-il martelé.

Le Président Aoun conspué par la rue, aura-t-il le temps et les moyens ?

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