Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, a demandé au Liban, mercredi 21 octobre, de se doter rapidement d’un nouveau gouvernement, à la veille de consultations parlementaires organisées pour désigner un Premier ministre dans un pays en proie à une grave crise politique. « Plus on tarde, plus le bateau coule. Il n’y a plus beaucoup de temps pour réagir. Si le Liban ne mène pas les réformes qu’il convient de mener, alors c’est le pays lui-même qui risque la dislocation », a de nouveau averti le ministre devant la commission des affaires étrangères du Sénat. « La population libanaise ne peut pas être victime des incuries et des impérities de ses dirigeants », a-t-il estimé. « Les vieilles tendances, les répartitions par clans, par confessions ont repris le dessus alors que l’urgence est au-delà », a déploré Jean-Yves Le Drian.
Rappelons que le Liban est englué dans une crise économique sans précédent amplifiée par le coronavirus et par l’énorme explosion du 4 août au port de Beyrouth, qui a fait plus de 200 morts, 6.500 blessés, plus de 40 disparus, et a ravagé des quartiers entiers de la capitale. Saad Hariri, qui a été trois fois Premier ministre, est donné comme favori pour ce poste, alors que le parti du président Michel Aoun, le Courant patriotique libre (hérité et présidé par son gendre le député Gébran Bassil), s’oppose à sa nomination. Il y a un an, Hariri et son gouvernement ont démissionné sous la pression d’un soulèvement populaire inédit, déclenché le 17 octobre 2019 pour dénoncer l’ensemble de la classe politique accusée de corruption et d’incompétence. Au Liban, où le président doit être chrétien maronite, le Premier ministre musulman sunnite et le chef du Parlement musulman chiite, les dirigeants sont abonnés aux marchandages interminables pour former un gouvernement, selon un système imposant un équilibre entre les différentes communautés.