Après la suspension par Ottawa hier des exportations d’armes vers Ankara en lien avec le conflit au Nagorny Karabakh, la Turquie a dénoncé mardi ce qu’elle a appelé une politique de «deux poids deux mesures» de la part du Canada. «Nous attendons du Canada d’adopter une politique exempte de deux poids deux mesures et à résister à l’influence des milieux hostiles à la Turquie», a répliqué le ministère turc des Affaires étrangères par voie de communiqué. «Alors que le Canada ne voit aucun inconvénient pour exporter des armes aux pays militairement impliqués dans la crise au Yémen, il ne peut y avoir d’explication pour interdire leur exportation vers un allié de l’OTAN». Le Canada s’était retrouvé accusé d’avoir les mains ensanglantées en raison de la vente à la Turquie réussi de caméras canadiennes qui aident les drones à mieux cibler la population civile arménienne. Après enquête du ministère canadien des Affaires étrangères, il s’est avéré que les accusations étaient fondées, les licences d’exportation ont finalement été suspendus a annoncé lundi 5 octobre le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, qui avait lancé une enquête sur ce qui s’est exactement passé. «Dans le respect du régime rigoureux de contrôle à l’exportation du Canada et compte tenu des hostilités continues, j’ai suspendu les licences d’exportation pertinentes vers la Turquie, le temps de mieux évaluer la situation», a écrit le ministre dans un tweet immédiatement repris par le ministère arménien des Affaires étrangères.
«Au cours des derniers jours, des allégations ont été formulées selon lesquelles des technologies canadiennes seraient utilisées dans le conflit militaire au Haut-Karabakh. Après avoir pris connaissance de ces allégations, j’ai immédiatement ordonné à Affaires mondiales Canada d’enquêter à ce sujet.», a expliqué François-Philippe Champagne par voie de communiqué. «Le Canada demeure préoccupé par le conflit actuel au Haut-Karabakh, qui se traduit par des bombardements de collectivités et des pertes civiles. Nous demandons que des mesures soient prises immédiatement pour stabiliser la situation sur le terrain, et nous réitérons que rien ne peut remplacer une solution pacifique et négociée à ce conflit », a ajouté le chef de la diplomatie canadienne. Les Turcs, déjà accusés d’aggraver le conflit en encourageant Bakou à l’offensive militaire, sont en outre fortement soupçonnés par la communauté internationale d’avoir également déployé des mercenaires syriens pro-turcs au Karabakh. (Nova/La Presse)