Fayez al-Sarraj, le chef du gouvernement de Tripoli (GNA), a rétabli ce jeudi dans ses fonctions Fathi Bashagha. Il avait suspendu le 23 août, provisoirement, son ministre de l’Intérieur pour une enquête administrative. Une affaire qui illustre la concurrence entre les deux hommes pour le pouvoir dans le camp de l’ouest libyen. Le ministre libyen de l’Intérieur ne cache pas son ambition de diriger le gouvernement à la place de Fayez al-Sarraj. D’ailleurs, son influence s’est accrue durant l’offensive de Khalifa Haftar contre Tripoli. Les milices de Misrata, d’où il est originaire, ont joué un rôle décisif dans la défense de la capitale. Il est l’homme d’Ankara en Libye et il est appuyé par Washington, convaincu de ses capacités de dissoudre certaines milices et d’intégrer d’autres dans les forces régulières.
Dans un communiqué diffusé jeudi, après avoir passé cinq heures à répondre aux questions du Conseil présidentiel, Fathi Bashagha affirme que « le ministère de l’Intérieur est sous l’ordre du Premier ministre, tout comme tous les appareils des forces sécuritaires qui doivent travailler en complémentarité. » La concurrence entre les milices de Misrata et celles de Tripoli a atteint un niveau inquiétant depuis le recul des forces de Khalifa Haftar. L’ONU avait appelé à une reprise rapide du dialogue politique, craignant des « développements dramatiques » en relation avec cette tension. Plusieurs observateurs s’accordent à dire que le Premier ministre libyen « connaît ses limites : il a suspendu son ministre au lieu de le pousser à démissionner ». Sa décision était un message visant surtout à recadrer son concurrent, affirment ces observateurs. Un concurrent qui n’hésite pas à faire des démonstrations de force. À son retour de Turquie dimanche dernier, quelque 300 miliciens avec leurs véhicules militaires sont venus l’accueillir à l’aéroport. Et hier, jeudi, lors de la séance de questions au siège du Conseil présidentiel, ses hommes ont encerclé le bâtiment. (La Repubblica/RFI)