La Turquie cherche du gaz en Méditerranée et provoque la Grèce. Erdogan: «nous n’avons besoin de la permission de personne»

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(Roma-22 juillet 2020). Le président turc exacerbe la tension avec Athènes et avec l’Europe, s’appuyant sur le mémorandum turco-libyen. Et en plus des navires militaires au large de l’île de Kastellorizo ​​s’ajoutent les provocations constantes des F-16.

L’itinéraire de 17 navires militaires turcs dans les eaux grecques augmente encore la tension entre Ankara et Athènes. Après la transformation du musée Sainte-Sophie en mosquée, une autre tentative tentaculaire d’Erdogan risque de rapprocher les deux pays d’un point de rupture.

La Turquie a envoyé un navire de recherche « Oruc Reis » au large de Kastellorizo, une île grecque rendue célèbre par le chef-d’œuvre de Gabriele Salvatores, « la Méditerranée » (scénariste et réalisateur italien, ndlr). Des recherches gazières turques sont annoncées à partir d’aujourd’hui jusqu’au 2 août, mais la flotte grecque a été mise en alerte suite au départ de frégates turques de la base navale d’Aksaz, escortant le navire de recherche.

Ajoutez à cela les provocations constantes des F-16 turcs qui envahissent l’espace aérien hellénique à Strongyli et Megisti: selon le ministère grec de la Défense, des dizaines de violations ont été enregistrées rien que dans la matinée du 21 juillet. Pour cette raison, le chef des forces armées grecques, le général Konstantinos Floros, a abandonné les célébrations à Chypre pour la mémoire de l’invasion turque en 1974, pour rentrer rapidement à Athènes et suivre l’évolution de la situation (après avoir rencontré son Homologue israélien Aviv Kochavi). Pour témoigner de la délicatesse du moment, la décision de la marine hellénique de rappeler tous ceux qui étaient en congé, s’impose.

Erdogan entend polariser sa stratégie énergétique sur l’ensemble de la côte méditerranéenne: le mémorandum signé avec la Libye, qui présente en effet des profils d’une cohérence douteuse, a provoqué de vives réactions de l’UE, des Etats-Unis et de la France car il « oublie » que l’île grecque de Crète appartient à un État membre de l’UE. La compagnie pétrolière turque  «TRAO» (la compagnie nationale et la plus grande entreprise industrielle de Turquie, ndlr) a obtenu en mai dernier des licences pour explorer les nouveaux blocs identifiés dans le mémorandum turco-libyen, de Rhodes à l’est de la Crète orientale, avec la possibilité d’intervenir début septembre. Sur ce point, la réaction de Berlin est prise en considération: la visite à Athènes du ministre allemand des Affaires étrangères Haiko Maas le 21 juillet visait à analyser de près la question gréco-turque et à tenter d’éviter une éventuelle escalade.

Les paroles d’Erdogan semblent être un pas vers l’escalade. «Nous n’avons besoin de la permission de personne pour nos navires et plates-formes de forage», a-t-il déclaré. Quel que soit le droit international de la mer et quels que soient nos droits en Méditerranée orientale, nous avons pris des mesures dans ce contexte et continuerons de la même manière ». Comme pour dire qu’il ne fait pas attention aux réverbérations que son action a, notamment à Washington et à Paris.

La Maison Blanche suit de près le dossier énergétique, ayant depuis longtemps signé un accord avec la Grèce pour de nouvelles bases militaires: aujourd’hui encore, dans le port hellénique d’Alexandroupolis (un port du Nord-Est de la Grèce, ndlr), trois mille marines américains ont débarqué à bord du navire Endurance. L’opportunité est représentée par l’exercice de l’OTAN «Atlantic Resolve 2020», mais ce mouchoir des eaux grecques a pris une importance stratégique, car le « gazoduc trans-adriatique » (qui a pour objet de transporter vers le marché européen le gaz naturel de la mer Caspienne via la frontière gréco-turque, ndle) traverse la Grèce, et les États-Unis sont déterminés à servir de mur à toute intention turque.

L’Elysée a été le premier à réagir lorsque, il y a près de deux ans, des frégates turques ont empêché les navires d’Eni et de Total de traverser les eaux de la ZEE chypriote pour des forages légitimes. Le navire Saipem d’Eni a fait marche arrière, tandis que la sixième flotte américaine et deux frégates françaises qui font toujours la navette vers les ports chypriotes sont arrivés sur place. « Le comportement illégal et provocateur de la Turquie est une menace sérieuse non seulement pour la paix et la stabilité dans l’est de la Méditerranée, mais aussi pour la cohésion de l’OTAN et ses relations avec l’Union européenne », a commenté le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias après le rencontre avec son homologue allemand.

(Francesco De Palo – il Fatto Quotidiano). (L’article en version italienne)