(Rome, le 06 juillet 2020) Le politologue irakien Hicham Al-Hachémi (47 ans), spécialisé dans les mouvements radicaux et ardent défenseur de la souveraineté irakienne, a été exécuté ce lundi soir à la sortie des studios de la télévision, après avoir donné une interview. Deux individus en moto l’ont abattu à bout portant.
Al-Hachémi était « la voix de la sagesse », affirment les Irakiens, qui appréciaient notamment ses critiques à l’égard de la confessionnalisation du pays et de sa vie politique entre Chiites, Sunnites, Kurdes, et Turkmènes, au détriment du patriotisme et du nationalisme. Il critiquait particulièrement le penchant religieux des partis politiques, et s’était spécialisé dans affaires liées au terrorisme (Al-Qaïda puis Daech). Il avait documenté tous les mouvements radicaux depuis 1997.
Son assassinat a été vite condamné par la communauté internationale et des ONG de défense de la liberté d’expression, comme notamment Reporters Sans Frontières. Plusieurs capitales occidentales ont d’ores et déjà demandé aux autorités de faire la lumière sur cet assassinat et de traduire ses auteurs devant la justice. Le premier ministre Mustapha Al-Kadhemi a promis de « poursuivre les criminels et de mettre un terme aux assassinats ciblés ». Mais selon des sources à Bagdad, « les assassins seront sans doute introuvables. Ils l’auraient exécuté sur ordre de Téhéran et seraient probablement déjà en Iran ». Selon ces sources, « la République islamique chercherait, à travers ce crime odieux, à adresser un message-avertissement au premier ministre irakien à qui les Iraniens reprochent son penchant souverainiste ». La presse iranienne proche du Guide Khameneï a récemment critiqué Kadhemi et sa politique et s’en est prise notamment à sa décision de sévir contre les miliciens qui répandent l’insécurité à Bagdad. Une politique qualifiée de « nuisible » (pour les intérêts de l’Iran). L’assassinat de Hachémi intervient également après une série de missiles tirés ces dernières heures contre l’ambassade des Etats-Unis et l’aéroport international de Bagdad.
La tension en Irak est à son paroxysme et des observateurs craignent d’autres assassinats dans les jours à venir. Ils comparent l’ambiance qui y règne à la situation qui a prévalu au Liban au lendemain du réveil patriotique des Libanais en 2005. Le Hezbollah s’était alors livré à une campagne de terreur pour faire taire les souverainistes. Ce qui semble rééditer aujourd’hui en Irak, sur ordre de Téhéran.