L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

Brexit : le négociateur en chef de l’UE Michel Barnier durcit le ton face Royaume-Uni

Les relations se sont tendues un peu plus mercredi entre Londres et Bruxelles. Le négociateur en chef du Brexit pour l’UE, Michel Barnier, a rendu publique dans l’après-midi la lettre qu’il venait d’adresser à son homologue britannique, David Frost. Un échange de bon procédé puisque ce dernier avait fait de même la veille. Dans sa missive, l’ancien ministre français, se montre très critique sur la méthode employée. «Je ne pense pas qu’un échange de lettres concernant la substance des négociations soit nécessairement le meilleur moyen de discuter des points essentiels», écrit-il, s’inquiétant que «le ton adopté» par Frost «ait un impact sur la confiance mutuelle et l’attitude constructive qui sont essentielles entre nous». Alors que les discussions patinent et que le troisième cycle de négociation qui a pris fin vendredi dernier s’est soldé sur un nouveau constat d’échec, le courrier du négociateur britannique sonnait effectivement comme un ultimatum. «J’espère que dans les semaines à venir, l’UE réfléchira de nouveau à ses propositions d’une façon qui nous permette de trouver une issue rapide et constructive», mettait en garde le négociateur britannique, pointant notamment des «dispositions supplémentaires, déséquilibrées et sans précédent dans toute une série de domaines». Le prochain round doit débuter le 1er juin alors que le Royaume-Uni doit formellement quitter l’Union fin 2020 et faire savoir au plus tard fin juin s’il souhaite ou non une prolongation de la période d’extension. Comme il le fait depuis des mois, Michel Barnier énumère dans son courrier les lignes rouges de l’UE. D’abord, le négociateur en chef de l’UE rappelle à son homologue que l’accord commercial noué avec le Canada -qu’il ne cite pas- ne saurait s’appliquer au Royaume-Uni de manière automatique. Et que le seul cadre qui vaille pour cette négociation est la déclaration politique sur les relations futures signée par les Vingt-Sept et Boris Johnson en octobre 2019. «Il n’y a pas de droit automatique à bénéficier de tous les avantages que l’UE a pu offrir ou accorder dans d’autres contextes et circonstances à d’autres partenaires, souvent très différents. Chaque accord que l’UE a conclu est unique, avec son propre équilibre des droits et obligations, adaptées au partenaire et à l’époque de sa conclusion. Il n’y a pas de modèle dans la politique commerciale de l’UE», insiste ainsi Barnier. Lequel revient ensuite sur les règles du jeu équitable jugées trop strictes par les Britanniques au motif que le Royaume-Uni perdrait alors sa souveraineté. «Compte tenu de notre proximité géographique et de notre interdépendance économique, nous devons avoir des garanties importantes de concurrence équitables pour éviter les distorsions des échanges et les avantages concurrentiels, au bénéfice des consommateurs et des entreprises des deux côtés». Enfin, concernant la coopération policière et judiciaire, le négociateur en chef souligne que «jamais l’UE n’avait offert auparavant un partenariat de sécurité aussi étroit et étendu à un pays tiers non membre de l’espace Schengen». Il ajoute que l’accès continu aux bases de données de l’Union ou de Schengen nécessite, en contrepartie, de «solides garanties en termes de protection des droits fondamentaux».

Pas question toutefois pour Michel Barnier de terminer sa missive sur une note négative. «Avec le respect mutuel et l’engagement constructif du Royaume-Uni sur tous les points de la table de négociation, nous pouvons aller de l’avant dans le temps limité dont nous disposons», conclut-il son courrier.

Les équipes du négociateur en chef de l’Union auraient longuement hésité avant de publier cette lettre et se serait notamment beaucoup interrogé sur le ton à employer. «Quand ils ont pris connaissance de la lettre très agressive de Frost, ils se sont demandés si l’objectif des Britanniques n’étaient pas de tendre les relations au maximum pour au final arriver à une suspension des négociations. Mais ils ont répondu parce qu’il fallait répondre», analyse une source bruxelloise. Quoi qu’il en soit, il n’est pas exclu que David Frost reçoive beaucoup de mails dans les prochaines heures. En effet, son adresse électronique figure noir sur blanc sur la copie de la lettre rendue public par Michel Barnier sur Twitter. (Le Figaro)

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème