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France : les renseignements redoutent l’agitation sociale après le confinement

Si le confinement empêche les mouvements de contestation d’avoir lieu, la colère des groupuscules d’extrême droite et d’extrême gauche ne tarit pas. Les services de renseignement français craignent des actions dès la levée des mesures de confinement.

« La colère ne faiblit pas ». Les services de renseignement français sont aux aguets et surveillent de près les velléités d’action des groupuscules extrémistes après la levée du confinement. Dans une note révélée par Le Parisien et que BFMTV a pu consulter, les services de l’Etat constatent que « le confinement ne permet plus à la gronde populaire de s’exprimer, mais la colère ne faiblit pas et la gestion de crise très critiquée nourrit la contestation. Le jour d’après est un thème fortement mobilisateur des mouvances contestataires ».

Sur les réseaux sociaux, les appels aux rassemblements pullulent. « Après le déconfinement, révolte ! », presse la mouvance autonome « Nantes Révoltée » sur Twitter, assurant que « ça sentira le brûlé, le gaz, et la colère ».

Plusieurs groupuscules espèrent une transversalité des luttes associant gilets jaunes et blouses blanches – épuisées par la pandémie de coronavirus – et évoquent déjà la date du 21 juin pour organiser une grande fête de rue pendant 24 heures. D’autres restent mystérieux sur le jour des retrouvailles, mais ne cachent pas leur détermination : « Notre colère ne sera pas confinée. Retrouvons-nous dans la rue dès la fin du confinement ! Mettons le pouvoir en quarantaine ! », Clame sur Facebook le collectif rennais « Refusons le retour à la normale », créé le 4 avril.

L’après-confinement séduit également les syndicats traditionnels. Les renseignements s’attendent à ce que « la sortie de crise passe par un rendez-vous de voie publique ». La note confidentielle sur le « suivi de l’impact du Covid-19 en France » précise que les syndicats n’accepteront pas un retour à la situation d’avant crise car celle-ci a démontré les limites du néo-libéralisme. En attendant de pouvoir à nouveau battre le pavé, des actions disruptives se mettent déjà en place. Les agents du renseignement anticipent par exemple la création de comités de lutte entre habitants d’un même immeuble. Par ailleurs, « une dizaine de gilets jaunes ont défilé » samedi à Pantin, en Seine-Saint-Denis, en respectant les distances de sécurité, rapporte le mouvement Rouen dans la rue, avec une vidéo à l’appui. Les participants entonnaient leur vieille antienne : « On est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là… ».

Hostilité envers les forces de l’ordre

En signe de protestation, le mouvement « Rouen dans la rue » appelle également à ne pas présenter l’attestation de sortie dérogatoire, tandis que d’autres souhaitent diffuser une attestation de déplacement « révolutionnaire » avec les cases : « déplacements entre le domicile et le pouvoir indispensables à l’exercice d’émeutes », « participation à des commandos sur demande des assemblées populaires »… Avec un objectif : montrer leur hostilité envers les forces de l’ordre, d’après les services de renseignement.

« La police représente une menace plus grande que le virus lui-même. Le confinement est utilisé pour harceler, humilier et parfois tuer ceux identifiés à risques pour le pouvoir : les habitants des zones pauvres », tance un site militant radical repéré par Le Parisien. Du côté de l’ultra-droite, les décisions du gouvernement sont là aussi vivement critiquées, particulièrement celle du confinement. Des militants identitaires évoquent une « phase de pré-révolution » visant à « mettre à bas cette classe politique malfaisante ». « D’un côté, l’ultra-gauche interprète le confinement comme la mainmise de l’Etat et un supposé totalitarisme. De l’autre, l’ultra-droite nourrit fantasmes et théories du complot sur l’origine de la crise. Nous sommes très vigilants sur les formes que prendra cette contestation à l’issue », conclut auprès du quotidien un membre des services de renseignement qui se prépare au « jour d’après ». (BFMTV)

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