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La Chine a-t-elle menti sur le nombre de morts du coronavirus ?

Le pays berceau de la pandémie recense officiellement près de 3330 morts du Covid-19. Certains doutent de ce bilan. Les autorités chinoises ont-elles menti ? Et avec quelles conséquences ?

Berceau de l’épidémie, Pékin dénombre officiellement près de 3330 morts, loin des 11 591 en Italie ou des 7340 en Espagne. Comment y croire ? Quelle seraient les conséquences de ce qui pourrait être, au pire un mensonge, au mieux une négligence d’Etat. A l’origine de ces doutes, explique Le Parisien-Aujourd’hui en France, des photos prises par un magazine d’investigation situé à Pékin, montrant des centaines d’urnes empilées sur le carrelage d’un salon funéraire à Wuhan. Un deuxième cliché, des habitants, masques sur le nez, qui attendent, jusqu’à six heures, devant les crématoriums. A quelques jours de la traditionnelle Fête des morts, les familles ont été autorisées à récupérer les cendres de leurs proches disparus. Dès leur publication dans un magazine d’investigation installé à Pékin, ces images ont semé le doute, d’autant que des riverains de Wuhan dans la province chinoise du Hubei, le berceau de l’épidémie de Covid-19, ne croient pas aux chiffres officiels de décès. Certains évoquent des crématoriums tournant à plein régime, pendant des jours. D’autres ont publié leurs calculs sur les réseaux sociaux et évaluent à 42 000 le nombre d’urnes restituées.

D’autre source locale a remarqué que la ruée vers les urnes funéraires alimente les doutes sur la sincérité du bilan officiel du nouveau coronavirus à Wuhan, et dans toute la Chine. D’après Pékin, plus de 50.000 personnes ont été contaminées à Wuhan, et 2535 personnes en sont mortes. Mais selon une enquête du très sérieux site d’informations en ligne Caixin, ces chiffres sont loin de la réalité. Le média indépendant indique que 5000 urnes funéraires ont été distribuées ces derniers jours au seul crématorium de Hankou, à Wuhan, soit le double du bilan officiel. De plus, Wuhan, métropole de onze millions d’habitants, compte sept crématoriums au total. Caixin estime donc à près de 35.000 le nombre d’urnes distribuées.

Selon le site de Radio Classique française, des experts interrogés par le quotidien «Le Parisien-Aujourd’hui », mettent en doute la comptabilité chinoise, mais pas tous. Pour certains, la Chine a dit la vérité, pour d’autres, elle s’est basée sur les morts à l’hôpital. Enfin, certains affirment qu’il peut y avoir une vulnérabilité plus forte au virus chez les Européens comparés aux asiatiques. Reste que les chiffres sont stratégiques. D’autant plus stratégiques, que pour Jean-Stéphane Dhersin, interrogé par Le Parisien-Aujourd’hui en France, la France s’est basée sur les données chinoises pour paramétrer sa politique sanitaire.

Un expert du centre de réflexion sur la guerre économique cité par le site français de Radio Classique, a ces mots : « la chine est passé de pyromane à pompier ». Ce qui est sûr, c’est que cette opacité sur le nombre de décès dus au coronavirus pourrait bien devenir une sorte de Tchernobyl à la chinoise.

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