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Liban : restaurateurs et hôteliers s’enfoncent dans la crise

« Il y a un restaurant qui a fermé là, deux autres là-bas, ça ne va pas, il n’y a plus de business » : constat amer de Elie, qui voit les rideaux de fer se baisser un à un dans son quartier de Mar Mikhaël, à Beyrouth. Le Liban continue de s’enfoncer dans la crise. Après des mois de contestation, un nouveau gouvernement est en place, gouvernement fragile qui va s’attaquer à la restructuration de la dette du pays, qui représente 150% de son PIB, parmi les plus élevés de la planète. En fin de semaine dernière, les agences de notations ont encore dégradé les notes du Liban. Un scénario digne de celui qu’a connu la Grèce en 2008.

Sophie, elle, résiste jusqu’à présent, mais ne rentre plus dans ses frais : « On a des problèmes avec les banques qui ne nous laissent pas retirer du cash. Les fournisseurs qui, eux, achètent toutes leurs marchandises en dollars. Comme il n’y a pas de dollars en ville, tout a doublé, triplé. Tout a renchéri de 25, 30% ».

100 000 personnes touchées par la crise

Cette flambée des prix est liée aux restrictions bancaires, à l’effondrement de la livre libanaise et à une dépendance totale aux importations. Difficile pour les restaurateurs de la répercuter sur la carte, car la clientèle est moins nombreuse, dans un Liban où les prix à la consommation s’envolent et où le pouvoir d’achat fond. « Dans les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, nous employons 150 000 personnes, 25 000 ont déjà été licenciées », affirme Maya Bekhazi, secrétaire général du syndicat des restaurateurs. « Elles restent chez elles. Cela veut dire près de 100 000 personnes touchées, puisqu’en général, on estime que quatre personnes dépendent d’un salaire », ajoute-t-elle.

Au total, pas moins de 800 établissements, restaurants, bars, cafés ou boîtes de nuit, ont fermé en cinq mois selon le syndicat des restaurateurs, qui réclame une intervention du gouvernement. « Tout le monde nous appelle pour parler de ses problèmes, partager ses solutions », explique Maya Bekhazi. Selon elle, « la première stratégie pour survivre, c’est d’essayer de faire de la gestion de crise, tailler dans les coûts, réduire les effectifs, renégocier un bail. On est vraiment dans une crise ». Des recettes que nombre de restaurateurs utilisent déjà depuis plusieurs mois pour tenir. (France Info)

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