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Commémorant l’assassinat de son père, Saad Hariri enterre son accord avec Aoun-Bassil

Lors du rassemblement de ses partisans, venus commémorer l’assassinat de Rafic Hairiri, tué dans un attentat le 14 février 2005, son fils Saad Hariri a passé en revue les derniers développements politiques qui ont mené le Liban à la ruine, avant d’enterrer définitivement ce que les Libanais appellent communément « l’arrangement présidentiel » qui a permis à Michel Aoun d’accéder à la présidence de la République et à Saad Hariri de revenir au Grand Sérail, siège du Premier ministre.

Hariri n’a pas mâché ses mots, affirmant avoir été souvent trahis et poignardé dans le dos. « Depuis 2005, j’ai mené plusieurs batailles politiques (…), j’en ai perdu certaines, mais j’ai appris beaucoup » a-t-il avoué non sans amertume. Indirectement, l’ancien premier ministre reconnait l’échec de son accord avec le duo Michel Aoun et Gebran Bassil, le gendre du président devenu la personnalité politique la plus détestée du pays. Il reproche à Bassil le non-respect de ses engagements. « Il n’a respecté ni l’arrangement présidentiel ni l’accord de Meerab », signé avec les Forces libanaises par Michel Aoun et Samir Geagea. Hariri rappelle surtout « la tentation du duo Aoun-Bassil d’éliminer tous les souverainistes. Après avoir mené la guerre d’élimination contre Geagea (1990), ils ont essayé avec Walid Joumblatt et le Courant du Futur… ».

Pour séduire son allié naturel Samir Geagea, chef de file des souverainistes, Hariri lui a emprunté une formule pour rassurer ses partisans: « la vérité finit toujours par éclater » (Ma bi Sehh illa el-sahih) « ما بصح إلا الصحيح ».

Pour confirmer son retour au bercail, Hariri a déploré le temps perdu à former des gouvernements d’union nationale ou d’entente, qui n’avaient de l’union et de l’entente que le nom. Même après sa large victoire aux législatives de 2009, il a tendu la main à « l’Alliance du 8 Mars » (pro-syrienne) et lui a confié le tiers de blocage. Ce qui a paralysé le pays et fini par l’évincer en janvier 2011. Il a ainsi admis les défauts de « la démocratie consensuelle » en vogue au Liban, mais qui a prouvé sa stérilité depuis des décennies.

En tournant définitivement la page de l’arrangement présidentiel et en avouant ses erreurs, Hariri cherche à rassurer ses partisans particulièrement déçus par sa compromission avec ses adversaires et par sa mollesse avec les tueurs de son père. Ses alliés souverainistes, tout comme ses partisans, ne peuvent que se réjouir de ce sursaut après des années perdues. « Mais mieux vaut tard que jamais » admet-on à Beyrouth.

Dario S.

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